Le premier ministre finlandais Juha Sipilä a appelé ses concitoyens à accepter des mesures drastiques d'austérité lors d'une allocution télévisée mercredi soir, d'autant plus solennelle qu'elle est rare.

D'après la chaîne publique Yle, cela faisait 22 ans qu'un chef de gouvernement ne s'était pas adressé à la nation de cette manière. Et la dernière fois, le pays traversait également une récession.

«L'État finlandais contracte de la dette au rythme de près d'un million d'euros par heure depuis sept ans, jour et nuit, tous les jours de la semaine. Nous ne pouvons pas continuer ainsi», a affirmé M. Sipilä lors de ce discours pré-enregistré d'une vingtaine de minutes.

L'allocution lui a permis de justifier des mesures annoncées la semaine précédente par son gouvernement de centre-droit, qui doivent selon lui redonner de la compétitivité à la Finlande.

Les syndicats ont appelé à des grèves et une grande manifestation vendredi pour protester contre ce projet de réduction des congés, des allocations logement des retraités et des majorations de salaire pour les heures supplémentaires et les dimanches, entre autres.

Les commentateurs politiques ont souligné le caractère exceptionnel de cette prise de parole directe, dans un pays à forte tradition de consensus parlementaire.

M. Sipilä a souligné que la crise économique était «exceptionnellement grave».

«Il faut comprendre que des mesures bien plus dures ont été prises dans des pays frappés par la crise comme l'Irlande ou le Portugal (...) Nous étions les premiers à conseiller les Grecs, donc suivons nos propres conseils à présent», a-t-il expliqué.

La Finlande, autrefois présentée comme un modèle dans la zone euro, a vu depuis trois ans son économie s'enfoncer dans la récession, avec une population qui vieillit rapidement et des secteurs industriels en crise.

La montée de sa dette publique a affaibli sa position qui consistait à demander aux pays européens en difficulté des sacrifices budgétaires importants avant de pouvoir toucher une aide de leurs partenaires.