Élisabeth II a battu mercredi à 16 h 30 GMT (12 h 30, heure de Montréal) le record de longévité sur le trône britannique de sa trisaïeule, la reine-impératrice Victoria, au pouvoir pendant 63 ans, 7 mois et 2 jours, entre 1837 et 1901.

Élisabeth II, qui est montée sur le trône le 6 février 1952 à l'âge de 25 ans, a fêté l'événement avec sa retenue habituelle, en inaugurant une ligne de chemin de fer en Écosse et en déclarant n'avoir jamais aspiré à battre ce record.

«Beaucoup, dont vous la première ministre (d'Écosse Nicola Sturgeon), ont noté une autre signification à cette journée, bien que ce ne soit pas une (signification) à laquelle j'ai aspiré», a déclaré la reine à Tweedbank en Écosse, à la frontière avec l'Angleterre.

«Inévitablement, une longue vie passe par de nombreuses étapes; la mienne n'y fait pas exception, mais je vous remercie tous ici et à l'étranger pour vos messages touchants», a ajouté la souveraine de 89 ans.

Vêtue d'une robe et d'un manteau turquoise sur lequel elle arborait la broche en diamants de sa trisaïeule, la reine était venue inaugurer la remise en service de la célèbre ligne de chemin de fer de «Waverley Route», abandonnée à la fin des années 1960.

Arrivée à Tweedbank en train à vapeur depuis Édimbourg, la souveraine a été accueillie par une foule enthousiaste, dont beaucoup d'enfants agitant des drapeaux écossais et britanniques.

À l'échelle mondiale, le record du règne le plus long est toujours détenu par le roi de Thaïlande Bhumibol Adulyadej, âgé de 87 ans, souverain depuis 1946.

Née le 21 avril 1926, Élisabeth est, elle, montée sur le trône le 6 février 1952, à une époque où Winston Churchill était au pouvoir au Royaume-Uni et Staline en Russie. Et six décennies plus tard, tous les spécialistes s'accordent à dire que la reine, toujours alerte à 89 ans, n'abdiquera jamais.

Pour célébrer son record de longévité, elle n'a prévu aucune cérémonie publique officielle. «No fuss» («pas de chichi»), a-t-elle décrété, selon son entourage.

Une photo diffusée par le Palais pour l'occasion (signée Mary McCartney, la fille de Paul McCartney) la montre au travail, devant la boîte rouge contenant les documents qu'elle reçoit presque tous les jours du gouvernement.

«Un accomplissement incroyable»

Élisabeth II doit dîner dans sa résidence d'été de Balmoral en compagnie de son petit-fils, le prince William, et de son épouse Kate.

Si la reine a choisi la sobriété, un peu à l'image de son règne marqué par la retenue, de nombreuses célébrations sont en revanche prévues tout au long de la journée pour fêter celle que les Britanniques considèrent comme leur «plus grande reine», selon un récent sondage YouGov.

Mercredi matin, quelques dizaines de personnes se pressaient devant Buckingham Palace, réalisant des égoportraits devant les grilles dorées du palais.

«C'est un jour très spécial, nous sommes très privilégiés d'être là, de partager ce moment avec le reste du monde», s'est enthousiasmée Janice Gallagher, une Australienne de 68 ans.

«C'est une grande réussite», a abondé Adam Hardman, un Britannique de 28 ans. «Nous avons besoin qu'elle continue».

«Au cours des 63 dernières années, Sa Majesté a été un roc de stabilité», a estimé de son côté le premier ministre David Cameron dans un communiqué. «Son abnégation et son sens du devoir lui ont valu l'admiration, non seulement des Britanniques, mais aussi du monde entier».

Procession sur la Tamise

Les députés ont interrompu le travail parlementaire vers 11 h 30 (6 h 30, heure de Montréal) pour lui rendre hommage, tandis qu'à la même heure, les cloches de l'abbaye de Westminster ont résonné au coeur de Londres.

Sur la Tamise, la barge royale Gloriana mènera une procession de bateaux, dont le passage sera salué par les coups de canon du HMS Belfast, navire de guerre transformé en musée.

En levant le nez, les Londoniens peuvent également lire le message «Puisse-t-elle régner longtemps» au sommet de la tour de British Telecom.

Signe de l'excitation ambiante, des équipes de télévision ont été autorisées, pour la toute première fois, à s'installer sur les pelouses du palais de Buckingham.

Dans ce concert de louanges, quelques voix discordantes se sont fait entendre. L'organisation antimonarchiste Republic a ainsi lancé une campagne sur Twitter avec le hashtag stopthereign (mettons fin au règne), estimant qu'au lieu de célébrer leur reine, les Britanniques feraient mieux de réfléchir à «une réforme démocratique radicale» pour élire «quelqu'un qui pourra véritablement représenter la nation».

PHOTO MARY MCCARTNEY, AP

La reine Élisabeth II.