De nombreux soldats turcs ont été tués et blessés dimanche dans une attaque d'envergure attribuée au rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est de la Turquie, ont rapporté les médias locaux.

Les autorités n'ont pas immédiatement précisé le nombre de militaires qui ont perdu la vie dans cette attaque survenue dans la province d'Hakkari.

Dans une déclaration publiée sur le site internet de sa branche armée, le PKK a affirmé avoir tué 15 soldats dans «un acte de sabotage et plusieurs attaques».

Le premier ministre islamo-conservateur Ahmet Davutoglu a convoqué en soirée une réunion de sécurité d'urgence à Ankara, en présence des principales autorités civiles et militaires du pays. Elle a débuté peu après 15h30.

Selon la chaîne d'information NTV, les rebelles ont fait exploser des mines au passage d'un convoi militaire dans la localité de Daglica.

Des chasseurs de l'aviation turque ont en représailles pillonné une dizaine de positions des rebelles dans cette zone située à la frontière avec l'Irak, a ajouté NTV.

Lors d'un entretien en direct à la chaîne de télévision privée A Haber, le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan s'est dit «consterné» par cette attaque, sans donner de bilan.

«Les informations données par le chef de l'état-major sont de nature à nous attrister», a-t-il ajouté.

Riposte «décisive»

«Les conditions météo n'étaient pas favorables dans cette zone. L'incident s'est produit lors d'un nettoyage. Une attaque à la mine a été commise», a expliqué le chef de l'État, avant de promettre une réplique «très particulière et décisive».

Les violences ont repris fin juillet entre les rebelles du PKK et les forces de sécurité turques et fait voler en éclats les discussions de paix engagées à l'automne 2012 par le gouvernement islamo-conservateur d'Ankara pour tenter de mettre un terme à un conflit qui a fait quelque 40.000 morts depuis 1984.

Les attentats du groupe kurde et les opérations militaires de représailles se succèdent depuis à un rythme quotidien dans le pays.

Deux policiers ont ainsi été tués dimanche lors d'affrontements avec des militants rebelles dans le district de Diyarbakir, la plus grande ville du sud-est à majorité kurde de la Turquie.

Selon un bilan provisoire cité par la presse progouvernementale turque, ces affrontements ont tué plus de 70 soldats, policiers ou gendarmes et un millier de rebelles.

Cette escalade de la violence intervient alors que le président Recep Tayyip Erdogan a convoqué des élections législatives anticipées pour le 1er novembre.

Lors du scrutin du 7 juin, le Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan a perdu la majorité absolue qu'il détenait depuis douze ans au Parlement. Le chef de l'État espère que son parti la retrouve en novembre pour continuer de gouverner seul et instaurer un régime présidentiel fort.

Dimanche soir, M. Erdogan a affirmé à la télévision que la recrudescence des violences entre le PKK et les forces de sécurité aurait pu être évitée si l'AKP l'avait largement emporté en juin. «Si un parti au Parlement avait obtenu 400 députés (sur 550) pour changer la constitution, cela ne se serait pas produit», a-t-il dit.