Quatre candidats sont en lice pour prendre la tête du parti travailliste, décapité depuis le 8 mai et la démission d'Ed Miliband au lendemain de son cinglant échec aux élections législatives. Portraits.

Jeremy Corbyn, le favori improbable

Personne ne l'avait vu venir, mais il jouit pourtant des faveurs des militants et des syndicats qui veulent que le parti opère un virage à gauche.

Les idées radicales de Corbyn, 66 ans, ont en revanche semé un vent de panique au sein de l'appareil du parti qui s'imagine, s'il est élu, relégué dans l'opposition pour des années encore.

Corbyn est né en 1949 à Chippenham (ouest) d'un père ingénieur et d'une mère enseignante dont il a adopté les positions anti-militaristes. Il veut aussi mettre fin à l'austérité, faire payer davantage d'impôts aux entreprises et aux plus riches, renationaliser le rail et l'énergie...

Député de la circonscription londonienne d'Islington-Nord depuis 1983, il est le «stéréotype du gauchiste nord-londonien», selon l'hebdomadaire New Statesman. Végétarien, il ne boit pas d'alcool, cultive son propre jardin et se déplace à vélo.

Ses réunions ont rassemblé des milliers de personnes pleines de ferveur. Il s'est toutefois montré moins à l'aise lors des débats face à ses adversaires. Mais, contrairement à ce que ces derniers veulent croire, «il n'y a aucun signe que ses soutiens commencent à décliner», selon le quotidien The Independent.

Yvette Cooper, atout crédibilité

Cette femme de 46 ans a démarré la campagne de manière très prudente, trop selon les médias britanniques, qui lui ont reproché son manque de passion.

Mais au fur et à mesure que Corbyn montait en puissance, elle a musclé son discours, offrant une vision plus claire de l'avenir qu'elle veut pour son parti, s'engageant à accueillir 10 000 réfugiés syriens face à un gouvernement qui ne bougeait pas d'un pouce. Au point d'émerger comme la concurrente de Corbyn la plus crédible, selon les observateurs.

Née le 20 mars 1969 à Inverness, en Écosse, dans une famille solidement ancrée à gauche, elle a été la première femme à occuper un poste de ministre du Budget (2008-2010), avant de devenir ministre de l'Intérieur du cabinet fantôme d'Ed Miliband.

Pour le quotidien The Guardian, elle serait «formidable» comme chef d'un parti qui n'a jamais été dirigé par une femme. Mais elle ne suscite guère l'enthousiasme des foules et, comme un autre candidat, Andy Burnham, souffre d'avoir été ministre de Gordon Brown, accusé d'avoir vidé les caisses de l'État en volant au secours des banques pendant la crise financière.

Andy Burnham, l'ambitieux

«Je suis le candidat dont les gens pensent qu'il peut remporter les élections (législatives)», affirmait-il fièrement mi-août, s'appuyant sur des sondages lui donnant un large soutien aussi bien dans l'électorat travailliste qu'en dehors.

Depuis, celui qui est considéré comme le plus expérimenté du quatuor a dégringolé dans les sondages comme dans les coeurs, en raison du grand écart auquel il s'est livré, refusant de se mouiller sur aucun sujet.

«Il a tenté de plaire à tout le monde», analyse The Independent. Aux financiers, aux adversaires de l'austérité comme à ses défenseurs, aux syndicats.

Ancien ministre de la Santé mais aussi de la Culture, et du Budget, Burnham, 45 ans, avait déjà tenté de prendre la tête du parti en 2010 mais avait été battu par Ed Miliband.

Liz Kendall, la droite de la gauche

Face au «gauchiste» Corbyn, Liz Kendall, 44 ans, est considérée comme la candidate aux idées les plus proches de la droite. Mais aussi celle dont les chances sont les plus faibles de remporter les primaires.

Proche du milieu des affaires, admiratrice de l'ancien Premier ministre Tony Blair qui a opéré la mutation du Labour vers le centre, elle estime que la seule chance pour le parti de renouer avec une majorité d'électeurs est de suivre cette voie.

Jusqu'à récemment méconnue du grand public, elle occupait la fonction de ministre pour la santé publique et les personnes âgées dans le cabinet fantôme de Miliband.

Pour ses détracteurs, elle manque cruellement d'expérience politique. Pour ses admirateurs, au contraire, elle a su dépasser les positions partisanes pour s'adresser directement aux Britanniques.

Si Corbyn l'emporte, elle prendra du recul, refusant de lui prêter main-forte.