L'ancien premier ministre grec Alexis Tsipras a appelé dimanche les Grecs à lui donner «un mandat fort, une majorité absolue» lors des législatives du 20 septembre, un objectif qui semble difficile à atteindre malgré l'avance de Syriza dans les sondages.

Dans un entretien à l'hebdomadaire Realnews sur l'enjeu de ces élections législatives dans trois semaines, Alexis Tsipras, qui brigue un second mandat, s'est montré déterminé: «C'est simple, clair et démocratique: nous demandons un mandat fort, une majorité absolue pour le gouvernement de Syriza» pour les quatre prochaines années.

Et d'ajouter: «C'est une occasion de sortir du bipartisme droite Nouvelle-Démocratie (ND) et Pasok (socialistes)», les deux formations qui ont dominé la vie politique grecque durant «les quarante dernières années (...). C'est crucial de ne pas revenir en arrière et de faire un bond en avant».

En devançant de 1 à 3,5 points, selon les sondages des instituts grecs, son principal adversaire la ND, Syriza a peu de chances d'obtenir une majorité absolue lors de ce scrutin anticipé. Il serait ainsi contraint de chercher des alliés pour former un gouvernement de coalition comme il l'avait fait après sa victoire le 25 janvier, où il avait raté cette majorité absolue à deux sièges près.

Seul un sondage, effectué par le Think Tank Bridging Europe, donne jusqu'ici un avantage clair de huit points à Syriza (26,8 %) face à ND.

Le vieux système

Alexis Tsipras a déjà exclu toute coopération avec les partis «du vieux système politique», en soulignant que seul le parti souverainiste des Grecs indépendants Anel, son partenaire gouvernemental pendant huit mois, pourrait jouer ce rôle.

En revanche, la ND, le Pasok et To Potami (centre-gauche) se sont dits prêts à une coopération avec d'autres.

«Assurer la stabilité politique pour les années cruciales à venir et procéder à des coopérations des puissances politiques saines du pays est une condition nécessaire pour parer aux problèmes actuels», a souligné de son côté le dirigeant de la droite, Vanguélis Méïmarakis, dans un message télévisé.

La dirigeante du Pasok, Fofi Gennimata, qui vient d'annoncer une coopération entre son parti et celui de la Gauche démocratique Dimar, a accusé Alexis Tsipras de ne pas vouloir «coopérer» alors qu'il a admis avoir commis «des erreurs».

La majorité des Grecs se disent favorables à un gouvernement de coalition ayant comme partenaire majoritaire Syriza (22 %) ou la ND (21,4 %), selon un sondage de l'institut MRB pour Realnews.

Confronté à une scission de son parti, Alexis Tsipras a démissionné le 20 août pour «permettre au peuple grec de le juger».

Malgré sa promesse de mettre un terme à l'austérité en Grèce, il a signé en juillet à Bruxelles un accord avec ses créanciers européens sur la poursuite de la rigueur, en échange d'un nouveau prêt.

Demander pardon?

Interrogé sur les raisons pour lesquelles «il n'a pas demandé pardon au peuple grec», Alexis Tsipras a rétorqué: «Pourquoi faut-il que je demande pardon ?»

«J'ai lutté de toute mon âme pour rester fidèle au mandat du peuple grec», dont la majorité ne souhaite pas la sortie du pays de l'euro, une menace brandie par les créanciers, UE et FMI, a-t-il justifié.

L'engagement d'Athènes de réaliser des «réformes pour assainir son économie» était une condition nécessaire pour les créanciers avant la signature de l'accord sur un prêt de 86 milliards d'euros sur trois ans.

Alexis Tsipras a répété qu'«il avait dû faire face à une guerre économique» et qu'«il n'avait pas finalement réussi à gagner sur tous les monstres, à corriger tous les problèmes du pays que le vieux système politique a provoqués», comme la corruption.

La priorité, selon le nouveau programme de Syriza élaboré ce week-end lors d'une réunion du parti, est la réalisation des engagements tout en cherchant des mesures compensatoires pour «contre-balancer les conséquences négatives» sans toutefois compromettre le plan signé avec l'Europe.

Les principaux axes du nouveau programme sont: la restructuration productive mettant l'accent sur le secteur agricole, le renforcement du système bancaire, la lutte contre la corruption, la protection de l'emploi et de l'environnement. La question de la dette, qui culmine à quelque 170 % du PIB, figure également au programme.