Le nouveau maire de Venise, Luigi Brugnaro (centre droit), qui a provoqué la polémique en bannissant des écoles des livres sur l'homoparentalité, a affirmé mercredi qu'aucun défilé de la Fierté gaie n'aurait lieu dans la cité lacustre pendant son mandat.

«Pas de Gay Pride dans ma Venise», a déclaré le maire, un ancien entrepreneur, dans un entretien au quotidien La Repubblica.

«C'est une bouffonnerie, le summum du kitsch. Qu'ils aillent la faire à Milan ou plutôt sous vos fenêtres», a-t-il lancé à la journaliste l'interrogeant, tout en assurant qu'il n'était pas homophobe puisqu'il avait «des amis gais».

«Venise est une ville cosmopolite où se croisent de multiples cultures, de multiples religions, et M. Brugnaro doit comprendre qu'elle ne lui appartient pas», a répliqué à l'AFP Flavio Romani, président d'ARCIGAY, la principale association homosexuelle italienne.

Comme dans toutes les régions d'Italie, un défilé de la Fierté gaie a lieu chaque année en Vénétie. Celle de 2015 a eu lieu à Vérone, et celle de 2014 avait été «une très belle fête» à Venise, a-t-il expliqué.

«Nous y retournerons l'année prochaine, et nous inviterons le maire à défiler au premier rang avec nous, pour qu'il voie ce que c'est vraiment qu'une Gay Pride», a-t-il ajouté.

Élu le 15 juin, après 30 ans d'hégémonie de la gauche à Venise balayés par un vaste scandale de corruption, M. Brugnaro s'est attiré foudres, railleries, mais aussi louanges pour avoir ordonné le retrait des bibliothèques scolaires de tous les livres évoquant l'homoparentalité.

«Si vous le permettez, nous laissons les parents s'occuper de nos enfants (sur ce sujet). Une famille avec deux femmes et un petit enfant n'est pas naturelle», a-t-il insisté dans l'entretien.

«La belle Venise est vraiment en train de couler, mais pas aussi vite que ce bigot ennuyeux de Brugnaro», avait réagi il y a 10 jours le chanteur britannique Elton John, qui a deux enfants avec son mari David Furnish et possède une maison à Venise.