La rébellion kurde a franchi un nouveau palier dimanche en menant un attentat suicide contre une gendarmerie turque, qui a fait au moins deux morts et des dizaines de blessés, dans un cycle de violences marqué par la poursuite simultanée de raids aériens massifs contre le PKK en Irak.

Selon l'armée, un tracteur bourré de deux tonnes d'explosifs a été précipité dans la nuit contre les locaux d'une gendarmerie des environs de la ville de Dogubayazit (est), à proximité de la frontière iranienne.

C'est la première attaque de ce type signalée depuis que la trêve entre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et l'armée turque a volé en éclats il y a une dizaine de jours.

Deux soldats ont été tués et 31 blessés «dont quatre se trouvent dans un état grave», a affirmé l'armée. Les médias turcs ont assuré que les rebelles avaient ensuite tendu «une embuscade» pour gêner l'arrivée des secours.

Le PKK a revendiqué l'attentat, ajoutant dans un communiqué que «des dizaines de soldats ont été tués».

Selon des images montrées par les télévisions, le toit et une des façades de la gendarmerie, un vaste bâtiment blanc de plusieurs étages, ont été soufflés par l'explosion.

Dans une autre attaque attribuée dimanche au PKK, un soldat a été tué et sept ont été blessés lorsqu'une mine a explosé au passage d'un convoi militaire dans la province de Mardin (sud-est).

Depuis le déclenchement le 22 juillet d'attaques quotidiennes par le PKK, au moins 17 membres des forces de l'ordre turques ont été tués.

L'aviation turque mène de son côté chaque jour des raids massifs contre les positions de la guérilla dans les montagnes du nord de l'Irak, où le PKK est réfugié depuis des années. Au moins 260 combattants kurdes ont été tués dans ces raids et près de 400 blessés, selon Ankara.

«Sans discontinuer»

Mais le sort des civils irakiens pouvant être pris sous les bombardements des F-16 turcs commence à inquiéter. Les autorités de la région autonome du Kurdistan irakien ont fait état samedi de six morts parmi la population locale, des médias prokurdes turcs évoquant un «massacre» qui aurait fait 9 morts.

Ce qui a conduit le président de cette région, Massoud Barzani, à réagir en demandant au PKK de partir «pour que les civils ne deviennent pas des victimes de cette guerre».

La Turquie dit avoir pris très au sérieux des informations pouvant lui valoir la réprobation de la communauté internationale et envenimer des relations apaisées avec les dirigeants du Kurdistan irakien, qui ont notamment renforcé les liens économiques avec Ankara.

Le ministère turc des Affaires étrangères a annoncé l'ouverture d'une enquête, en promettant que «les faits seront pleinement vérifiés».

L'armée a assuré dimanche que, «après vérification», aucun village ne se trouvait aux abords des récentes frappes qui visaient «uniquement des abris utilisés par les terroristes».

Quant au premier ministre Ahmet Davutoglu, il a répété que «le combat contre les organisations terroristes se poursuivra sans discontinuer».

Le président Recep Tayyip Erdogan a lancé une «guerre contre le terrorisme» visant simultanément le PKK et le groupe État islamique (EI), accusé de l'attentat suicide du 20 juillet à Suruç (sud) dans lequel 32 jeunes militants kurdes de Turquie ont trouvé la mort.

Cette attaque a mis le feu aux poudres, entraînant des représailles immédiates du PKK contre le pouvoir central accusé de ne pas protéger la population kurde.

Une trêve datant de 2013 a ainsi été rompue, dans un conflit qui a déjà fait plus de 40 000 morts en 30 ans.

Les frappes turques se sont jusque-là largement concentrées sur des cibles du PKK, visées par dizaines, alors que seules trois d'entre elles ont été signalées contre des combattants de l'EI en Syrie.

Selon l'agence Anatolie, les raids ont contraint l'état-major du PKK à se séparer en trois groupes, l'un restant dans les monts Kandil en Irak, un deuxième se repliant en Syrie et un troisième en Iran.