La Turquie a affirmé samedi avoir infligé un coup sévère à la guérilla kurde du PKK en pilonnant pendant une semaine ses bases du nord de l'Irak et va poursuivre les raids, poussant les autorités du Kurdistan irakien à demander aux rebelles de partir pour épargner les civils.

Depuis les premières frappes des F-16 turcs le 24 juillet, 260 combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont été tués et près de 400 blessés, a indiqué l'agence gouvernementale de presse Anatolie.

Samedi soir, les autorités turques ont annoncé l'ouverture d'une enquête après des informations faisant état de la mort de plusieurs civils irakiens dans ces frappes.

D'après Ankara, ne sont visés que les bases logistiques de la guérilla, ses stocks d'armes et de munitions ainsi que les grottes servant d'abri aux rebelles pendant ces raids au-dessus des montagnes du nord de l'Irak, où le PKK trouve refuge depuis des années.

Pour les seules journées de jeudi et de vendredi, une centaine d'appareils ont touché plus de 150 cibles, a rapporté Anatolie. De nouveaux raids ont été signalés samedi, le pouvoir islamoconservateur ayant promis de les poursuivre «aussi longtemps qu'il le faudra».

Selon Anatolie, le frère du leader du parti prokurde de Turquie Selahattin Demirtas, devenu la cible politique numéro un du président Recep Tayyip Erdogan, a été blessé dans ces attaques.

L'enrôlement de Nurettin Demirtas dans les rangs de la guérilla est régulièrement dénoncé par le pouvoir comme étant un signe supplémentaire de la «collusion» entre le PKK et le parti prokurde HDP.

M. Demirtas a dit samedi à la presse que, d'après ses informations, son frère aîné ne se trouvait plus dans les monts d'Irak car il était «en train de résister à l'État islamique au nom du peuple», sans donner plus de détails.

Menacé d'interdiction 

Les combattants kurdes de Turquie et de Syrie sont en première ligne sur le terrain contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), et sont devenus à ce titre de précieux soutiens des Occidentaux.

Les relations sont en revanche beaucoup plus tendues entre le PKK et les autorités kurdes d'Irak, qui gèrent la région autonome du Kurdistan.

Dans un communiqué, la présidence de cette région a réclamé le départ du PKK de la zone sous son contrôle pour éviter des pertes civiles au moment des raids turcs, au moins six morts ayant été signalés samedi par les autorités locales.

«Le PKK doit éloigner son champ de bataille de la région du Kurdistan irakien pour que les civils ne deviennent pas des victimes de cette guerre», a affirmé dans un communiqué le président de la région Massoud Barzani.

Celui-ci a également a pressé le PKK et le gouvernement turc de renouer le processus de paix, alors que la trêve qui tenait depuis 2013 vient de voler en éclats.

L'attentat suicide du 20 juillet à Suruç (sud de la Turquie), qui a provoqué la mort de 32 jeunes militants kurdes, a déclenché un nouveau cycle de violences, le PKK reprochant aux autorités turques ne pas avoir protégé la population locale.

Depuis, les attaques quotidiennes de la guérilla ont fait une quinzaine de morts dans les rangs des forces de l'ordre turques. Samedi, un soldat a été tué par l'explosion d'une mine dans la région de Kars (nord-est).

Le pouvoir turc poursuit de son côté une offensive judiciaire contre les leaders kurdes, M. Demirtas étant notamment visé par une enquête pour «troubles à l'ordre public» et «incitation à la violence». Il a estimé samedi que son parti était désormais menacé d'interdiction.

M. Demirtas a accusé le président Erdogan de «déstabiliser» la Turquie dans le seul but d'organiser des législatives anticipées destinées à effacer le scrutin du 7 juin, qui avait privé le parti AKP au pouvoir de la majorité absolue en raison notamment du bon score du HDP.