Le leader historique de l'extrême droite française, Jean-Marie Le Pen, a remporté mardi une nouvelle manche de sa bataille judiciaire contre le Front national (FN), le parti qu'il a cofondé et duquel la présidente, sa propre fille Marine, veut le mettre au ban.

La cour d'appel de Versailles, près de Paris, a confirmé la suspension d'un congrès organisé par correspondance par le FN pour supprimer les fonctions de président d'honneur, qui lui avaient été attribuées en 2011 après qu'il eut cédé les rênes de la formation à Marine Le Pen.

Cette décision constitue la troisième victoire du tribun âgé de 87 ans en quelques semaines devant les tribunaux.

Selon ses attendus, l'arrêt en appel mardi «confirme en toutes ses dispositions» un précédent jugement rendu le 8 juillet par le tribunal de grande instance de Nanterre, qui avait déjà suspendu la consultation des quelque 51 500 militants du FN.

Les magistrats avaient notamment estimé que le parti d'extrême droite avait «violé» ses règles internes en organisant ce congrès par voie postale et non sous forme physique comme cela aurait dû être le cas pour une modification des statuts.

Début juillet, Jean-Marie Le Pen avait déjà eu une première fois gain de cause en justice en obtenant l'annulation de la suspension de son adhésion au parti, prononcée début mai par les instances dirigeantes. L'appel interjeté par le FN contre cette décision reste encore à être examiné.

«Le FN devrait maintenant tirer les leçons de ce qui lui arrive. Il faut qu'ils arrêtent cette guerre», a réagi l'avocat de M. Le Pen, Me Frédéric Joachim, interrogé par l'AFP.

Le parti d'extrême droite s'est borné à faire part dans un communiqué de son «étonnement» face à «une série de décisions de justice qui visent à conserver à Jean-Marie Le Pen un titre qu'il ne mérite évidemment plus, vu son comportement de plus en plus inqualifiable».

Marine Le Pen avait déjà indiqué qu'elle attendrait les résultats de l'appel pour rendre ou non public le résultat de la consultation des militants. Un éventuel pourvoi en cassation du parti ne remettrait pas en cause la suspension du congrès.

La mise au ban du parti de Jean-Marie Le Pen avait été décidée par le FN après une nouvelle série de dérapages du responsable historique de l'extrême droite française, qui avait suscité la colère de Marine Le Pen, engagée dans une stratégie de «dédiabolisation» de la formation.

Habitué des provocations, son père avait réitéré début avril des propos sur les chambres à gaz «détail de l'Histoire» de la Deuxième Guerre mondiale, qui lui ont déjà valu plusieurs condamnations en justice dans les années 90, en France et en Allemagne.

La répétition de ses propos sur la Shoah vaut aujourd'hui de nouvelles poursuites à Jean-Marie Le Pen, que le parquet de Paris a cité il y a quelques semaines à comparaître en justice pour contestation de crime contre l'humanité. La date de son procès n'est pas encore fixée.

La stratégie de «dédiabolisation» du FN mise en place par Marine Le Pen depuis qu'elle a pris la tête du parti en 2011 vise à conforter ses ambitions dans la perspective de l'élection présidentielle de 2017 en France, pour laquelle tous les sondages depuis près d'un an lui prédisent une qualification pour le second tour.