Des avions de l'armée de l'air turque ont bombardé mardi dans la province de Sirnak (sud-est) des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui avaient ouvert le feu sur les forces de sécurité, a annoncé l'état-major turc.

«Deux avions F-16 ont mené des frappes aériennes à 15 h 10 locales (8 h 10, heure de Montréal) contre le groupe terroriste», a déclaré le commandement militaire dans un communiqué publié sur son site internet. «Les cibles ont été atteintes», a-t-il ajouté.

Ce raid aérien a été ordonné pour dégager une unité spéciale de la gendarmerie qui était prise sous le feu de combattants du PKK dans le secteur d'Uludere, dans les montagnes qui séparent la Turquie de l'Irak.

Dans ce même secteur, l'aviation turque avait attaqué en décembre 2011 une colonne de villageois qu'elle avait pris pour des rebelles kurdes, causant la mort de 34 personnes.

La Turquie a mené depuis vendredi une série de bombardements contre les bases arrière du PKK dans le nord de l'Irak, en riposte aux attaques meurtrières attribuées au mouvement kurde qui ont visé des membres des forces de sécurité ces derniers jours.

Le PKK a en retour rompu la trêve qu'il respectait depuis 2013, en revendiquant l'assassinat de deux soldats samedi soir.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a décrété la suspension de facto du processus de paix avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) jugeant sa poursuite «impossible» tant que les rebelles continuent leurs attaques contre les forces de sécurité.

La poursuite du processus de paix «impossible»

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a décrété la suspension de facto du processus de paix avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) jugeant sa poursuite «impossible» tant que les rebelles continuent leurs attaques contre les forces de sécurité.

«Il est impossible de continuer (le processus de paix) avec ceux qui menacent notre unité nationale et notre fraternité», a déclaré M. Erdogan.

«Ceux qui profitent de la tolérance du peuple et de l'État recevront la réponse qu'ils méritent aussi vite que possible», a-t-il menacé devant la presse, avant d'entamer un voyage officiel de quatre jours en Chine puis en Indonésie.

Engagées à l'automne 2012, les discussions de paix entre le régime islamo-conservateur d'Ankara et le chef emprisonné du PKK Abdullah Öcalan ont déraillé après l'attentat-suicide, attribué au groupe État islamique (EI), qui a fait 32 morts parmi un groupe de jeunes militants de la cause kurde le 20 juillet à Suruç (sud).

En représailles, le mouvement kurde a multiplié les attaques meurtrières contre des membres des forces de sécurité, accusant Ankara d'être complice des djihadistes.

Après avoir mené des raids aériens contre l'EI dans le nord de la Syrie, les autorités turques ont alors ouvert un second front en frappant les bases arrière du PKK dans le nord de l'Irak, faisant voler en éclat la trêve qui tenait depuis 2013.

Depuis ces frappes, plusieurs meurtres de militaires ont été attribués aux rebelles kurdes.

Mardi, M. Erdogan a dénoncé les liens entre le «groupe terroriste» et des députés du principal parti kurde de Turquie, le Parti démocratique des peuples (HDP), et affirmé qu'ils en «paieraient le prix». Il a réclamé la levée de leur immunité parlementaire.

Le chef de file du HDP Selahattin Demirtas a en retour dénoncé la «guerre contre le terrorisme» engagé par le chef de l'État qui met sur le même plan l'EI et le PKK.

«Aucun crime ne peut nous être reproché. Notre seul crime est d'avoir remporté 13 % des voix» aux élections législatives du 7 juin, a déclaré M. Demirtas. «L'un des principaux objectifs des opérations en cours dans les airs, sur terre et dans les médias est de faire mal au HDP dans la perspective d'élections anticipées», a-t-il ajouté.

Le Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan a perdu la majorité absolue qu'il détenait depuis 13 ans, notamment en raison de la forte poussée du HDP qui a obtenu 80 des 550 sièges de députés.

Depuis le scrutin, les négociations pour la formation d'un gouvernement de coalition patinent et l'opposition accuse M. Erdogan de vouloir les faire échouer pour convoquer des élections anticipées.

Le chef de l'État a répété mardi qu'il ne cèderait pas face à la «menace terroriste» du PKK et de l'EI. «Il est hors de question de reculer», a-t-il insisté.