La vague de forte chaleur que connaît actuellement la France met à rude épreuve le réseau de transport et de distribution d'électricité, comme l'ont montré les coupures survenues dans la nuit de mardi à mercredi, mais RTE écarte tout risque de pénurie de l'électricité.

Près d'un million de foyers ont été privés d'électricité la nuit dernière dans l'ouest de la France, les fortes chaleurs et les différences de températures entre la nuit et l'après-midi ayant généré «des avaries sur les appareils de mesure» dans 15 transformateurs électriques de RTE, filiale d'EDF qui gère la partie haute tension et très haute tension du réseau électrique.

Et dans la matinée de mercredi, un nouvel incident a touché la région de Vannes, affectant quelque 100 000 foyers, en raison d'un «incident technique» sur un poste de transformation électrique, selon RTE.

«En raison de l'humidité accumulée dans certains transformateurs de la façade ouest, des phénomènes de condensation liés aux variations de température provoquent des arcs électriques et sont à l'origine des pannes et incendies observés», a expliqué dans un communiqué le ministère de l'Énergie.

Si la situation était revenue à la normale à la mi-journée, «la vague de chaleur qui va sévir dans les jours à venir risque d'entraîner de nouvelles ruptures de matériels et de potentiels «black-out»», met en garde dans un communiqué la CGT Énergie.

Le syndicat affirme réclamer depuis de nombreuses années le remplacement des instruments de mesure mis en cause, et accuse la direction de RTE de n'avoir «pas pris la mesure des besoins de remplacement et/ou de maintenance».

La CGT alerte aussi du risque particulier pesant selon elle sur l'Ile-de-France, «car les câbles à huile alimentant la ville de Paris sont en surchauffe et font peser un risque lourd sur la capitale».

Les câbles à huile sont des câbles à haute tension utilisant l'huile pour maintenir la pression et refroidir le conducteur. Ils ne sont quasiment plus installés aujourd'hui, mais restent très présents dans les réseaux électriques.

Équipes prémobilisées

Par ailleurs, «ces fortes chaleurs cumulées sur plusieurs jours et même la nuit peuvent mettre en contrainte certains éléments des ouvrages souterrains (télécom, internet, électronique et électricité). (...) Les zones urbaines sont potentiellement les plus touchées par ce type de phénomène climatique et physique, la température dans le sous-sol peut dépasser les 50 degrés», explique de son côté ERDF, autre filiale d'EDF qui gère le réseau à moyenne et basse tension.

La société précise avoir prémobilisé ses équipes d'astreintes et ses 11 plateformes logistiques où sont stockés les groupes électrogènes d'urgence, afin de pouvoir répondre le plus vite possible aux éventuelles coupures.

Mais «ce second phénomène n'a pas occasionné, à ce stade, de rupture d'alimentation», a souligné le ministère de l'Énergie.

«Pour mémoire, en Ile-de-France, chaque consommateur est aujourd'hui alimenté par deux lignes électriques distinctes», rappellent les services de Ségolène Royal.

«À moyen terme, des plans de remplacement des équipements les moins récents sont d'ores et déjà mis en oeuvre par les opérateurs pour réduire la vulnérabilité des installations aux épisodes climatiques extrêmes», affirme par ailleurs le ministère.

Au-delà du matériel, les périodes de forte chaleur peuvent aussi faire craindre une pénurie d'électricité: la consommation augmente, du fait de l'utilisation accrue des ventilateurs et climatiseurs, tandis que l'offre diminue. En effet, les travaux de maintenance des centrales ont souvent lieu l'été, la sécheresse limite la puissance du parc hydraulique, la production éolienne est généralement amputée par les conditions anticycloniques et les centrales nucléaires sont contraintes de réduire leur production en cas de baisse du niveau des cours d'eau.

Mais, selon RTE, «l'épisode caniculaire annoncé n'aura pas d'effet sur la sûreté d'approvisionnement électrique de la France».

«Compte tenu des capacités de production disponibles et des conditions météorologiques, défavorables, mais non exceptionnelles, il reste au système électrique français près de 2000 MW de marge de production (soit l'équivalent de deux réacteurs nucléaires, NDLR) et 2000 MW d'effacement de la consommation. À cela s'ajoute la possibilité pour les producteurs français de restreindre leurs exportations qui s'élevaient à près de 3000 MW (mardi)», explique-t-il.