Le Parti populaire danois (DF), formation de droite populiste hostile à l'immigration, a enregistré jeudi son meilleur score en recueillant 21,1% des suffrages à l'issue des élections législatives au Danemark et devenant pour la première fois le plus grand parti du bloc de droite.

Arrivé après les sociaux-démocrates (26,3%) et devant le parti de droite Venstre (19,5%), le DF appartient traditionnellement au bloc de droite, vainqueur des élections avec 90 mandats, contre 85 à la gauche.Outre Venstre et DF, le bloc de droite rassemble l'Alliance libérale et les conservateurs.

Ceci ne signifie pas pour autant que DF participera au futur gouvernement.

«Nous n'avons pas peur d'entrer au gouvernement, si c'est par là que nous obtenons la plus grande influence politique», a expliqué son président, Kristian Thulesen Dahl, 45 ans, à l'agence de presse danoise Ritzau, soulignant qu'aucune décision n'avait été prise.

Outre ses positions intransigeantes sur l'immigration, DF est en désaccord avec les autres partis de droite sur les questions européennes et les dépenses publiques en matière de protection sociale.

Son influence n'a pourtant cessé de grandir ces vingt dernières années.

Fondé en 1995, dans l'intention de protéger «l'héritage culturel danois», ce parti a été entre 2001 et 2011 un acteur influent de la scène politique, sous la houlette de sa charismatique présidente Pia Kjaersgaard.

Il avait alors monnayé son soutien aux gouvernements de droite minoritaires successifs en échange de l'adoption de mesures draconiennes en matière d'immigration.

Mme Kjaersgaard, 68 ans, a passé la main en 2012 à son dauphin M. Thulesen Dahl mais reste impliquée dans les décisions du parti. Jeudi soir, elle essuyait des larmes de joie lors de la soirée électorale.

La personnalité du nouveau président, plus ronde que celle de son prédécesseur, a favorisé le succès électoral de son parti.

Plus policé sur l'immigration, il a concentré le discours de son parti sur l'État-providence et l'aide à apporter aux Danois moins bien lotis, ce qui séduit son électorat de base, principalement des personnes de plus de 60 ans, issues de la petite classe moyenne.

Un discours dur décomplexé sur l'immigration

L'un des coups de force du Parti populaire danois a été de décomplexer un discours restrictif sur l'immigration, la question clé des élections, au sein des plus grands partis de gauche comme de droite.

Le patronat insiste lui sur le besoin de main d'oeuvre immigrée pour pallier une population vieillissante.

«Si vous venez au Danemark vous devrez travailler», disaient, s'adressant aux migrants, des affiches pour lesquelles la Première ministre sortante Helle Thorning-Schmidt n'avait pas hésité à poser.

Cette dernière avait souligné que son gouvernement avait durci les règles d'accès à l'asile pour la première fois en 12 ans.

Mais de nombreux électeurs estimaient que la droite propose de meilleures solutions sur ces questions.

Elle a annoncé un ensemble de mesures visant à diminuer l'attractivité du Danemark pour les demandeurs d'asile, dont une baisse des allocations pour les nouveaux arrivants et l'attribution d'un permis de séjour permanent exclusivement à ceux qui ont un emploi et parlent danois.

Conséquence notamment du conflit syrien, le nombre de demandeurs d'asile a plus que doublé entre 2013 et 2014, à 14 680 personnes.

Le résultat électoral, une hausse de près de neuf points par rapport aux législatives de 2011 (12,3%), a surpris même les sondages qui tablaient sur 18% des suffrages.