Trouvée sur l'internet, une recette pour fabriquer des fumigènes dans le cadre d'un jeu de guerre a été fatale ce week-end à trois adolescents dans une bourgade du centre de la France, tués en manipulant des produits chimiques dangereux.

Un quatrième jeune, grièvement blessé, était toujours hospitalisé lundi dans un état grave, au lendemain d'une marche en mémoire des victimes à Bas-en-Basset, lieu du drame, à laquelle ont participé 3000 des 4200 habitants.

Adeptes d'un jeu de simulation de combats, l'airsoft, qui se pratique en plein air avec des armes factices, les quatre victimes - âgées de 14 à 16 ans - ont été prises dans une explosion samedi en tentant de fabriquer des fumigènes artisanaux, une pratique «imbécile conseillée par des gens irresponsables» sur l'internet, a dénoncé la justice française.

«Des investigations ont permis de découvrir une réplique d'arme de type airsoft et, sur le point central de l'explosion, des résidus chimiques d'acétone et d'acide chlorhydrique», selon le vice-procureur du Puy-en-Velay (centre), Yves Dubuy.

«On trouve des recettes de fumigènes sur l'internet, comme celles d'explosifs d'ailleurs, mais il ne faut surtout pas s'amuser à cela», a réagi Pierre Speisser, vice-président de la Fédération française d'airsoft. «Si on veut utiliser ce genre de matériel, il faut passer par des vendeurs professionnels, avec des modèles certifiés, dotés d'une notice d'utilisation précise».

L'airsoft, cousin du paintball, est né au Japon dans les années 1970, avec le développement de répliques d'armes pour les collectionneurs, qui ont évolué pour devenir capables de tirer de petites billes en plastique ou biodégradables.

Répartis en équipes, les joueurs, souvent en tenue de camouflage, doivent éliminer les membres du groupe adverse en les touchant par billes ou remplir divers objectifs inspirés de situations militaires (prendre d'assaut un bâtiment ou une colline, libérer des otages, tirer sur des cibles...).

Ce loisir est arrivé en France dans les années 1980. La Fédération française d'airsoft (FFA) revendique aujourd'hui plus de 3000 membres dans 170 clubs, mais estime qu'il y aurait jusqu'à 20 000 pratiquants.

«Ce n'est pas un loisir imbécile dans le sens où les associations sont là pour cadrer les choses, pour faire en sorte que tout se passe bien», a affirmé lundi le président de la FFA, Benoît Marius, sur la radio RMC. «Mais malheureusement, on a quelques personnes qui pratiquent en général en dehors du cadre associatif et qui font les faits divers», a-t-il déploré.