La justice française a autorisé mardi le principal parti d'opposition, l'UMP (droite), à se rebaptiser «Les Républicains», comme le souhaite l'ancien président Nicolas Sarkozy qui cherche à renouveler son image avant l'élection présidentielle de 2017.

Saisi en urgence, le tribunal des référés de Paris a rejeté l'existence d'un «trouble manifestement illicite» ou d'un «dommage imminent» lié à ce changement de nom, sans se prononcer sur le fond.

Les plaignants - quatre associations et partis de gauche ainsi que 143 particuliers dont le patronyme est Républicain - réfléchissent à faire appel, selon un de leurs avocats, Christophe Lèguevaques.

Les demandeurs peuvent également engager une action au fond.

En attendant, l'Union pour un mouvement populaire (UMP) pourra se rebaptiser. À condition quand même que ses militants entérinent la mue par un vote électronique jeudi et vendredi, avant un congrès «refondateur» samedi.

Depuis son retour à la tête de l'UMP fin novembre, deux ans et demi après avoir échoué à se faire réélire président face au socialiste François Hollande, Nicolas Sarkozy cherche à tourner la page des querelles intestines et des affaires judiciaires, qui ont terni l'image du parti.

Le changement de nom s'inscrit dans cette stratégie, tout orientée vers la reconquête du pouvoir. Mais une partie de la gauche l'accuse de vouloir s'approprier un bien commun.

«Nous sommes tous républicains de par l'article premier de la Constitution», qui stipule que «la France est une République indivisible», «et là, les deux tiers de la population se trouvent exclus», a déclaré à l'AFP Me Lèguevaques.

«Invraisemblable»

Pour les plaignants, l'UMP se livre à un «dénigrement indirect» des autres formations politiques, l'emploi de l'article défini «Les» laissant entendre que seul ce parti est républicain. Ils arguent ainsi que si le terme était utilisé comme adjectif, «Parti républicain» par exemple, ils n'y verraient pas d'inconvénient.

L'ancien chef de l'État a ironisé mardi sur cette action «invraisemblable». «Nous sommes quand même dans un pays où la gauche cherche à fixer le nom du parti d'opposition», a-t-il relevé.

«Nous n'allons pas nous approprier le terme républicain», a aussi martelé Jean Castelain, avocat du parti. Une fois le changement de nom acté, «Les Républicains ce sera nous, mais vous serez républicains,» a-t-il lancé aux plaignants.

Il en a également appelé à l'histoire politique, estimant que ce champ lexical est clairement marqué à droite: Union pour la nouvelle République, Union des démocrates pour la Ve République, Rassemblement pour la République, Républicains indépendants ou autre Parti républicain. «Soyons clairs, à gauche il n'y a pas d'utilisation du terme républicain de façon significative».

Au-delà de la gauche, le choix du nom «Les Républicains» a un temps suscité des réticences jusque chez les sympathisants de l'UMP, dont plus de la moitié trouvaient qu'il sonnait «trop américain» dans un sondage réalisé mi-avril. La tendance s'est toutefois inversée depuis, une enquête publiée vendredi soir faisant état de 61 % des mêmes sympathisants favorables à ce nouveau nom.

Samedi, près de 20 000 d'entre eux sont attendus pour le congrès de l'UMP qui, outre le choix du nouveau nom, devrait entériner un changement des statuts et de l'équipe dirigeante.

En coulisse, des élus UMP non sarkozystes affirment que «Les Républicains ou l'UMP, c'est pareil ou presque. C'est cosmétique». Pour l'un d'eux, «Sarkozy met le parti à sa main pour la primaire» qui doit déterminer le candidat de la formation à la présidentielle de 2017.