Les députés britanniques ont effectué lundi leur rentrée parlementaire, onze jours après la victoire des conservateurs de David Cameron aux législatives, dans un parlement plus féminin, plus coloré, plus gai et plus écossais.

Les 650 élus de la Chambre des communes (à l'exception des quatre députés du Sinn Fein qui boycottent la chambre) se sont retrouvés en début d'après-midi au palais de Westminster, somptueux bâtiment au style néogothique situé au bord de la Tamise, en plein coeur de Londres.

La nouvelle assemblée sortie des urnes est dominée par le parti conservateur, qui détient la majorité absolue avec 331 sièges, soit 24 de mieux que dans le précédent parlement.

Ce score a permis à David Cameron de ne pas reconduire le gouvernement de coalition qu'il avait formé avec le parti libéral démocrate (centre) après sa première élection en 2010, et lui donne les coudées franches pour mettre en oeuvre son programme.

«J'ai perdu un partenaire de coalition, mais gagné de nombreux nouveaux amis», a déclaré le premier ministre à la nouvelle Chambre, provoquant l'approbation sonore des députés conservateurs.

Les lib-dem ont perdu gros, passant de 56 à huit députés. De son côté, l'opposition travailliste est réduite à 232 sièges, après en avoir perdu 26.

Le Labour a essuyé en particulier un revers historique en Écosse, son ancienne place forte, face aux nationalistes du SNP, qui, en remportant 56 des 59 sièges dévolus à la région semi-autonome, sont devenus la troisième force au Parlement.

«Nous attendons avec impatience de faire entendre la voix de l'Écosse, et de nous opposer à l'austérité», a averti Angus Robertson, le leader du SNP au Parlement.

Les ex-chefs des travaillistes et des libéraux-démocrates, Ed Miliband et Nick Clegg, qui ont démissionné de leur fonction au lendemain de leurs mauvais résultats, ont réintégré l'assemblée comme simples députés.

Ils ont pu croiser quelques nouveaux venus remarqués, comme le maire de Londres Boris Johnson, dont l'élection constitue une étape essentielle pour prétendre un jour à la direction du Parti conservateur.

David Cameron a apprécié de voir un Parlement «plus varié et plus représentatif» avec notamment l'arrivée du premier parlementaire d'origine chinoise et de la première députée d'origine indienne.

Cette première journée a été dominée par la procédure d'élection du président de la Chambre, le Speaker.

Nouveau budget

Sans surprise, le sortant, John Bercow, a été renouvelé dans ses fonctions et trainé cérémonieusement jusqu'à sa chaise, selon une tradition séculaire.

Le Speaker dirige les débats parlementaires et est chargé du fonctionnement général des Communes. La tradition veut qu'il soit un arbitre impartial: il ne participe pas aux votes et rompt avec son parti avant de prendre ses fonctions.

Cette désignation est intervenue alors que Bercow doit gérer la publication dans la presse britannique d'informations sur sa vie privée. Son épouse, Sally Bercow, a déclaré ne pas vouloir retourner vivre à la résidence du Speaker, près du «bocal» parlementaire, à qui elle a imputé les difficultés de son mariage.

L'élection du Speaker est traditionnellement suivie de la prestation de serment des députés, étalée sur toute la semaine.

Les choses sérieuses commenceront le 27 mai. Les députés entendront ce jour-là le programme législatif de M. Cameron, qui sera lu par Elizabeth II au cours du traditionnel Discours de la Reine.

Ce discours qui détaille le programme législatif du nouveau gouvernement pour les cinq prochaines années est rédigé par le gouvernement, mais lu par sa Majesté devant le Parlement.

Les députés devraient ensuite plancher sur un budget complémentaire extraordinaire, annoncé par le ministre des Finances George Osborne pour le début juillet.

Le Chancelier veut économiser 12 milliards de livres (16,5 milliards d'euros) par an dans les dépenses sociales pour atteindre l'équilibre budgétaire avant 2020.

Le référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne, promis d'ici 2017 par M. Cameron, constituera ensuite l'un des principaux sujets de débat au Parlement.