Le gouvernement britannique a rendu publiques mercredi, après dix ans de bataille judiciaire pour le droit à l'information, les lettres confidentielles du prince Charles au gouvernement de Tony Blair, dont le contenu s'est avéré loin d'être révolutionnaire.

La pêche illégale, le régime alimentaire dans les écoles, la rénovation de bâtiments historiques figurent parmi les sujets abordés par l'héritier du trône britannique dans la trentaine de lettres échangées avec Tony Blair et sept de ses ministères, entre 2004 et 2005.

Dix de ces lettres ont été écrites par le prince Charles, quatorze par les membres du gouvernement Blair et trois par des secrétaires. Leur contenu a été divulgué sur le site internet du gouvernement dans l'après-midi.

La publication de ces mémos était potentiellement embarrassante pour le futur monarque, censé observer une totale neutralité sur les sujets politiques.

Mais le contenu des lettres, dans lesquelles Charles s'inquiète notamment du sort des albatros, n'a rien d'explosif, faisant dire au journaliste Andrew Morton, spécialiste de la famille royale, qu'il s'agit d'une «tempête dans une tasse de thé».

«La correspondance publiée aujourd'hui reflète l'étendue des inquiétudes et des intérêts du prince de Galles pour son pays et le monde en général», a immédiatement réagi le service de presse du fils aîné d'Élisabeth II.

Il souligne également que Charles, de par ses 600 visites et engagements annuels, dispose d'«une vision unique» du Royaume-Uni, ce qui l'amène «parfois à communiquer son expérience, ou ses inquiétudes et suggestions à des ministres, de tous gouvernements et tous partis, au cours de rencontres ou par écrit».

Le quotidien The Guardian qui avait bataillé pour obtenir la publication de ces courriers, a aussi semblé relativiser leur importance après lecture, estimant que le Prince Charles s'exprimait presque exclusivement au sujet de «questions qui lui tiennent notoirement à coeur».

Pour Andrew Morton, on n'apprend pas grand-chose de nouveau sur le prince, connu pour son intérêt pour «l'agriculture, l'environnement et les bâtiments qui s'écroulent». Selon lui, les lettres reflètent l'homme : «très poli, intéressé et bien informé».

C'est en 2005 que le Guardian avait essayé d'en savoir plus sur le contenu des échanges du prince Charles avec Tony Blair et sept ministères, dont ceux de la Santé, de l'Environnement et de la Culture.

La justice a d'abord donné son feu vert avant que le procureur général ne s'y oppose en 2012. En mars dernier, la Cour suprême britannique en a finalement autorisé la publication contre l'avis de l'actuel gouvernement qui avait mis son veto.

Mercredi matin, un porte-parole du gouvernement a confirmé que le premier ministre conservateur David Cameron n'avait pas changé d'avis et qu'il allait faire en sorte que son veto s'impose à l'avenir sur de telles publications.