L'Italie a une nouvelle fois relancé mardi l'Union européenne en lui demandant de faire davantage face à l'afflux de migrants, après une énième tragédie en Méditerranée qui aurait fait une quarantaine de morts, selon les survivants.

Des images montrant des migrants, essentiellement africains, tentant désespérément d'échapper à leur canot pneumatique en train de s'enfoncer dans les eaux ont circulé mardi sur les réseaux sociaux et sur certaines télévisions.

Ces dizaines de migrants, dont beaucoup tombés à l'eau, tentent de s'accrocher à des bouées jetées depuis le pont d'un cargo venu à leur rescousse. Une échelle de corde est également jetée le long du bastingage du navire, à laquelle un de ces migrants parvient à s'accrocher.

Peu de détails ont été donnés sur les circonstances de ce nouveau drame en Méditerranée, mais rien ne dit qu'il s'agisse de celui évoqué mardi par des rescapés à leur arrivée en Sicile.

Une quarantaine de migrants auraient trouvé la mort lors de l'avarie de leur canot pneumatique, ont raconté mardi ces survivants arrivés à Catane et accueillis par des membres de l'ONG Save the Children.

Canot pneumatique dégonflé 

«Ils ont dit qu'ils étaient 137 sur un canot pneumatique qui s'est dégonflé ou a explosé - ce n'est pas clair - et qu'une partie d'entre eux sont tombés à la mer. Certains ont parlé de "très nombreux" morts, d'autres ont dit "une quarantaine"», a déclaré à l'AFP Giovanna di Benedetto, de l'ONG, présente à Catane lors de l'arrivée des survivants.

Ces survivants faisaient partie d'un groupe de près de 200 migrants qui se trouvaient sur deux embarcations distinctes et ont été secourus ces derniers jours dans le Canal de Sicile. Les rescapés sont arrivés mardi dans le port de Catane à bord du cargo Zeran qui transportait également cinq cadavres.

Selon les survivants du naufrage, l'incident s'est produit peu avant les opérations de sauvetage de ce week-end, au cours desquelles les unités de la marine militaire italienne et les gardes-côtes ont secouru, avec l'aide de plusieurs navires marchands, près de 6000 personnes.

Plus de 4000 d'entre elles ont déjà débarqué sur les côtes italiennes et 485 autres personnes sont arrivées dans l'après-midi à Palerme, en Sicile.

L'Italie, qui est en première ligne face à l'afflux d'immigrés, ne cesse de demander l'aide des autres pays membres de l'UE.

«Il ne suffit pas d'ajouter une dizaine de navires aux navires italiens» présents en Méditerranée pour résoudre le problème, a déclaré mardi le ministre italien des Affaires étrangères Paolo Gentiloni. Il a demandé aussi une contribution européenne à «la lutte contre les trafiquants d'êtres humains», ainsi qu'une autre approche concernant le droit d'asile.

«Le sommet de l'UE (en avril, ndlr) a finalement confirmé le caractère européen du problème des migrants en Méditerranée, mais nous avons maintenant besoin de mesures significatives», avait souligné dès lundi M. Gentiloni dans un entretien téléphonique avec le commissaire européen chargé de l'Immigration, Dimitris Avramopoulous.

Une année meurtrière 

Le début de l'année 2015 a été meurtrier pour les migrants venant essentiellement de Somalie et d'Erythrée, mais aussi de pays sub-sahariens tels la Gambie, le Ghana, le Niger, le Sénégal, la Côte d'Ivoire, ou bien encore de Syrie.

Selon un décompte partiel, plus de 1500 personnes ont déjà trouvé la mort depuis le début de l'année en tentant la traversée de la Méditerranée, un chiffre sans comparaison avec le nombre de victimes de la même période en 2014, inférieur à une centaine.

L'UE a décidé de renforcer son opération Triton de surveillance et de sauvetage en mer en triplant son budget, mais ces mesures doivent encore entrer en vigueur et des problèmes opérationnels doivent être résolus, notamment la zone d'intervention.

Jusqu'à présent, le mandat de Triton était d'opérer à l'intérieur des limites des 30 milles nautiques mais tous les appels au secours de migrants proviennent de zones éloignées en moyenne d'une centaine de milles nautiques.

La Commission européenne doit également présenter le 13 mai sa stratégie pour les migrations, qui doit prévoir des quotas obligatoires d'accueil des réfugiés pour tous les États membres. Le Conseil européen devra ensuite se prononcer les 25 et 26 juin.

Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira lundi prochain pour examiner les moyens de répondre à l'afflux de migrants en Méditerranée, ont indiqué des diplomates.

Les ambassadeurs des 15 pays entendront un exposé de la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini et auront des consultations sur ce dossier.

Sur fond d'explosion du nombre des demandeurs d'asile dans l'Union européenne l'an dernier, des disparités de plus en plus marquées se sont fait jour au sein de l'UE en matière d'accueil.