Le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale de l'ONU (CERD) a dénoncé mardi la banalisation du discours haineux en France à l'égard des minorités, en particulier à l'égard des Roms.

«On constate que le principe d'égalité n'est pas complètement reflété dans les réalités du pays (...) à cause surtout de l'intolérance et du racisme», a déclaré le président du Comité, Ion Diaconu, à l'ouverture d'une réunion de deux jours dédiée à l'examen de la situation en France.

Il a dénoncé «une certaine banalisation du discours de la haine» dans le pays.

«Ne faut-il pas ériger le discours haineux en véritable infraction», a également considéré l'experte togolaise, Afiwa-Kindéna Hohoueto.

L'expert chinois, Huang Yong'an, a demandé pour sa part à la France «de prendre les mesures nécessaires pour inverser la tendance xénophobe et pour garantir que les étrangers en France jouissent de la sécurité et des autres droits fondamentaux».

Le Comité, qui veille au respect de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale de 1965, se penche jusqu'à mercredi sur les mesures prises par les autorités françaises pour lutter contre les discriminations depuis son dernier examen de la France en 2010.

Les conclusions des 18 experts de l'ONU ne seront pas publiées avant le 15 mai.

Ouvrant les débats, le représentant permanent adjoint de la mission française auprès de l'ONU, Thomas Wagner, a relevé que le président français François Hollande, lors de ses voeux aux Français, avait érigé «la lutte contre le racisme et l'antisémitisme en cause nationale pour l'année 2015».

Les experts de l'ONU ont ensuite salué la présentation par la France le 17 avril d'un plan de lutte contre le racisme et l'antisémitisme, un plan gouvernemental promis par François Hollande après les attentats djihadistes de Paris de janvier.

Ce plan vise notamment à «sanctionner chaque acte raciste ou antisémite, protéger les utilisateurs d'internet de la propagation de la haine et former les citoyens par la transmission, l'éducation et la culture», a expliqué M. Wagner.

Mais ce plan n'a pas suffi à satisfaire la soif d'informations des experts: comment la France lutte contre les discours publics racistes et contre les ghettos, quel est l'impact des attentats de janvier? Autant de questions soulevées par le Comité et auxquelles les représentants français devront répondre mercredi.

Ils ont également demandé à la France de publier à l'avenir des statistiques détaillées sur les minorités pour se rendre compte des disparités dont peuvent souffrir les migrants, Roms et habitants de banlieues notamment.

Concernant la situation des Roms, M. Diaconu s'est inquiété de l'existence d'un «livret de circulation» et des difficultés que ces populations expérimentent pour accéder aux aires d'accueil.

Il a également indiqué que des rapports suggèrent qu'il y a une «exclusion massive» de Roms.

En outre, a-t-il ajouté, «des violences sont encore commises contre les Roms par des particuliers et même par des représentants des forces de police».

Des rapports soulignent aussi, selon M. Diaconu, que l'accès à l'éducation de ces populations n'est pas correctement assuré, du fait notamment du refus de certaines municipalités d'inscrire ces enfants.