Le premier ministre grec Alexis Tsipras a estimé lundi soir que «les questions qui se posent sur ces cinq dernières années de plans d'austérité sont immenses» et que «le peuple a droit d'avoir des réponses».

M. Tsipras s'exprimait lors d'une séance parlementaire consacrée à la commission d'audit de la dette grecque, lancée par la présidente de l'Assemblée, Zoé Konstantopoulou, le 17 mars.

La constitution d'une telle commission d'enquête était une promesse de campagne d'Alexis Tsipras. Elle vise à déterminer l'origine de la dette grecque et des plans d'austérité mis en place à partir de 2010 en échange de l'aide financière de l'Union Européenne, de la BCE et du FMI.

«L'objectif est de déterminer l'éventuel caractère odieux, illégal ou illégitime des dettes publiques contractées par le gouvernement grec», avait précisé Zoé Konstantopoulou lors du lancement de la commission, constituée de scientifiques et de juristes, qui devrait rendre ses premières conclusions en juin.

«Le peuple grec a besoin de comprendre comment le pays a accepté des mesures qui ont fait augmenter la dette, passée de 124% du PIB au début de la crise à 175% aujourd'hui, qui ont conduit à l'augmentation du chômage, aux baisses des salaires et à l'exode des jeunes diplômés», a déclaré Alexis Tsipras à la tribune de l'Assemblée.

«La commission doit examiner les conséquences désastreuses du PSI (échange de dette mené par le secteur privé en mars 2012, ndlr) sur les caisses d'assurance et comment cela a permis d'alléger la charge des banques allemandes», a-t-il ajouté.

M. Tsipras a été chahuté par les députés socialistes du PASOK et conservateurs de la Nouvelle Démocratie (l'ancienne coalition au pouvoir, ndlr) qui ont annoncé ne pas vouloir voter pour la constitution de cette commission.

La commission d'audit de la dette étudiera la période allant de mai 2010, date du premier mémorandum entre la Grèce et ses créanciers, à janvier 2015, date de l'arrivée au pouvoir de Syriza.

Ce choix de dates est contesté par le groupe parlementaire socialiste qui souligne que la dette grecque a considérablement augmenté durant le mandat de la Nouvelle Démocratie entre 2004 et 2009.

La Nouvelle Démocratie a également fait une contre-proposition pour que la question de l'origine de la dette soit étudiée sur une période allant de 1981 à aujourd'hui. «Un moyen de noyer le poisson», a jugé Alexis Tsipras.

«Bientôt nous allons démontrer que la Grèce est un pays indépendant et respectable», a assuré le Premier ministre alors que les négociations avec les créanciers du pays se poursuivent et qu'un nouveau bilan des propositions grecques devrait être fait lors d'une conférence téléphonique mercredi du groupe de travail de l'Eurogroupe.