La Turquie a été largement paralysée mardi par une coupure d'électricité d'origine encore indéterminée, mais d'une ampleur inédite depuis quinze ans qui a ralenti le transport et l'activité de nombreuses villes du pays, dont Istanbul et Ankara.

Cette panne massive a débuté à 10h36 locales et a affecté tout ou partie de la plupart des 81 provinces du pays, ont indiqué des sources officielles citées par l'agence de presse Dogan.

Selon la compagnie nationale turque de transport d'électricité (Teias), le courant a été rétabli en début de soirée dans la plupart de ces provinces, ainsi que dans plusieurs quartiers des deux plus importantes cités du pays, Ankara et Istanbul qui réunissent à elles deux 20 millions des 76 millions d'habitants de la Turquie.

«Le courant a été entièrement rétabli. Toutes les zones affectées reçoivent de l'électricité à présent», a déclaré mardi soir le ministre de l'Énergie Taner Yildiz aux journalistes turcs en Slovaquie où il se trouve pour accompagner le chef de l'État Recep Tayyip Erdogan, en déplacement dans ce pays.

Le ministre a indiqué qu'il avait décidé d'écourter son voyage et de rentrer en Turquie.

À Istanbul cependant, le coeur économique du pays peuplé de plus de 15 millions d'habitants, quelques quartiers de la rive européenne de la métropole étaient encore privés d'électricité, selon les médias.

Le premier ministre Ahmet Davutoglu a suggéré que la panne pouvait être d'origine technique, mais a affirmé que «toutes les pistes étaient actuellement étudiées», en réponse à un journaliste qui l'interrogeait sur l'éventualité d'une attaque «terroriste».

Taner Yildiz a évoqué la panne la plus grave depuis celle survenue lors du violent tremblement de terre de 1999 qui avait ravagé le nord-ouest de la Turquie.

«Plusieurs choses ont été dites: attaque informatique, coupure générale, négligence. Nous examinons toutes ces pistes et nous annoncerons nos conclusions à l'opinion publique dans la plus grande transparence», a promis M. Yildiz.

La panne a sérieusement perturbé les transports en commun dans le pays. À Ankara et Istanbul, le trafic du métro a été brutalement interrompu et des milliers de passagers évacués sans incident. Dans la mégapole stambouliote, le tramway et le tunnel ferroviaire qui relie ses rives européenne et asiatique ont également été bloqués.

Le trafic de ces services a pu reprendre en début d'après-midi, après environ trois heures d'interruption, selon les médias turcs.

Perturbations

La coupure a également perturbé la circulation automobile, faute de feux de signalisation, ainsi que les communications téléphoniques, internet et l'activité de nombreuses entreprises et commerces.

Parmi les villes affectées ont également figuré celles de Trabzon (nord-est), Aydin (ouest), Antalya (sud), Izmir (ouest), Izmit (nord-ouest) ou encore Bursa (nord-ouest), Edirne (nord-ouest) ou Erzurum (nord-est).

Surtout dans le nord-ouest densément peuplé, la panne a eu un effet sur la production industrielle, a souligné l'agence de presse Dogan.

Selon Dogan, la province de Van, frontalière de l'Iran d'où elle importe son électricité, n'a pas été affectée.

Aucune précision n'était encore disponible dans la soirée sur l'origine de la panne, mais la compagnie Teas a évoqué un problème technique sur des lignes à haute tension qui relient l'Union européenne (UE) au territoire turc.

De son côté, la Chambre des ingénieurs électriciens de Turquie a affirmé que certains fournisseurs privés d'électricité avaient refusé de vendre leur électricité sur le réseau turc en raison de ses prix trop faibles.

La Turquie importe l'essentiel de son énergie sous forme de gaz et de pétrole, principalement à la Russie et à l'Iran.

Elle a donné ce mois-ci le coup d'envoi de la construction d'un gazoduc transanatolien (Tanap), un projet de 10 milliards d'euros destiné à acheminer le gaz azerbaïdjanais vers l'UE, et ambitionne de devenir une plaque tournante régionale en matière d'énergie.

La privatisation de l'ensemble du réseau d'électricité turc a été achevée en 2013.

La Turquie et l'UE doivent signer le 15 avril un accord de long terme pour synchroniser leurs réseaux de transport d'électricité.