Le copilote qui serait responsable de l'écrasement d'avion survenu mardi dans le sud-est de la France souffrait de problèmes de dépression et était suivi médicalement.

Andreas Lubitz, a souffert d'une grave dépression il y a six ans et était régulièrement suivi médicalement depuis, révèle vendredi le quotidien allemand Bild qui a eu accès à des documents officiels.

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Le copilote a traversé «un épisode dépressif lourd» en 2009 et avait suivi un traitement psychiatrique, affirme le journal qui a pu consulter des documents de l'autorité allemande de supervision du transport aérien (Luftfahrtbundesamt, LBA).

Depuis, le jeune homme était sous traitement «médical particulier et régulier», poursuit le quotidien qui affirme que ces informations ont été transmises par la Lufthansa, maison-mère de Germanwings à la LBA.

Selon Bild, à l'époque où sa formation a été interrompue, il souffrait alors «de dépressions et de crises d'angoisse».

Un psychologue doit consulter ce vendredi les documents des autorités de supervision du transport aérien, affirme encore le quotidien allemand.

Ils seront ensuite récupérés par les autorités judiciaires allemandes qui doivent les transmettre aux enquêteurs français, selon la même source.

Selon ce que rapporte le journal anglais The Times, Andreas Lubitz s'était récemment séparé de sa conjointe. Il avait aussi été suspendu par son école de pilotage avant d'être réintégré quelques mois plus tard.

L'homme vivait une «crise existentielle personnelle» lorsqu'il a décidé de barrer la porte du cockpit et qu'il aurait entraîné volontairement dans la mort 149 personnes. Sa compagnie aérienne, Lufthansa, qui connaissait le passé du pilote, pourrait faire face à des poursuites se chiffrant à plus de 100 millions de livres sterling, toujours selon les informations du quotidien.

Pour expliquer le geste de Lubitz, plusieurs journaux européens suggèrent également des problèmes psychologiques. La mère d'une ancienne camarade de classe a confié au Frankfurter Allgemeine Zeitung qu'il avait souffert de dépression ou d'un burnout lorsqu'il a arrêté ses études durant six mois. Cependant lorsque sa fille a croisé Andreas Lubitz avant Noël, il avait l'air tout à fait normal. Même son de cloche du côté de l'aéroclub de sa ville natale où il a participé à une fête à l'automne. «Il avait l'air normal. Il semblait heureux.» a déclaré le président du Club, Klaus Radke.

Perquisitions

Tout le monde se questionne. Y avait-il quelque chose dans son comportement qui aurait pu laisser présager le pire? Les enquêteurs allemands ont perquisitionné hier soir les deux domiciles du copilote. Ils soutiennent avoir probablement trouvé un indice qui expliquerait son geste, mais feront des analyses avant de se prononcer. Ils confirment par contre que ce n'est pas une lettre de suicide. Ils sont repartis de la maison familiale de Montabaur avec un ordinateur, une boîte de carton et deux sacs à ordures bleus remplis. Tout juste après l'écrasement, un de ses amis a écrit sur Twitter: «Encore hier, nous avons discuté de ce que nous allions faire à ton retour.»

Selon plusieurs témoignages obtenus jusqu'à présent dans les médias du monde entier, Andreas Lubitz était apparu comme un jeune homme sans histoire. Âgé de 28 ans, il était originaire de Montabaur, dans le sud-ouest de l'Allemagne, une toute petite ville de 12 500 habitants située à une centaine de kilomètres de Francfort. Il y vivait encore dans la maison de ses parents tout en ayant aussi un appartement à Düsseldorf, base importante de la compagnie Germanwings pour laquelle il travaillait.

Sur sa page Facebook, qui a été désactivée, il avait cliqué qu'il aimait le groupe allemand Schiller, David Guetta et le DJ Paul Kalkbrenner, comme beaucoup de jeunes de son âge. Une mention «J'aime» figurait aussi pour la compagnie Lufthansa et l'A320, l'avion qu'il conduisait lors de l'écrasement.

Plusieurs voisins se sont confiés de façon anonyme au journal régional Rhein-Zeitung affirmant que le jeune pilote était toujours gentil. «Depuis son enfance, il rêvait de devenir pilote. Il a fini par atteindre son but. Nous l'avons vu souvent passer près de notre maison en joggant», raconte une résidante du quartier.

Des preuves de ses classements dans des compétitions locales confirment qu'il aimait la course à pied. Un sport qu'il partageait avec sa petite amie et son frère cadet.

Johannes Rossbach, 23 ans, voisin de la famille, soulève la grande question que tout le monde se pose: «Je ne sais pas s'il était en dépression ou s'il était malade, mais je n'ai jamais entendu parler de problèmes particuliers chez lui ou chez sa famille», a-t-il confié à l'AFP.

Lors d'une conférence de presse hier, Carsten Spohr, le PDG de Lutfhansa, a précisé qu'aucun élément n'indiquait une fragilité psychologique chez Andreas Lubitz. «Il était 100% apte au pilotage, ses performances étaient irréprochables. Il n'y a pas le moindre indice sur les raisons qui ont poussé le copilote de l'Airbus A320 à précipiter l'avion contre le sol.»

Pause de plusieurs mois

Le jeune pilote avait certes pris une pause de plusieurs mois au cours de sa formation pour une raison que la compagnie n'est pas habilitée à dévoiler. Mais à son retour, le patron de Lutfhansa a assuré qu'il avait repassé tous les contrôles médicaux et psychologiques sans problème notable.

Andreas Lubitz avait commencé sa formation au centre de pilotage du groupe Lutfhansa à Brême, en 2008, ainsi qu'à Phoenix. Les pilotes de la compagnie allemande sont tous soumis à cet entraînement dans le sud-ouest des États-Unis en raison, notamment, du climat qui procure des conditions idéales de vol. Lubitz a finalement obtenu son diplôme en 2012. En 2013, il a commencé à travailler pour Germanwings et a aussi décroché la certification de la prestigieuse Agence fédérale américaine de l'aviation civile (FAA). Il comptait 630 heures de vol.

Le ministre de l'Intérieur allemand a confirmé que le jeune pilote n'était pas répertorié comme terroriste.

-Avec l'Agence France-Presse