Avec 800 navires privés déroutés pour secourir 40 000 migrants en mer en 2014, l'industrie maritime a eu à gérer «un fardeau disproportionné», a déclaré mercredi à Londres, Volker Turk du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

«Beaucoup plus doit être pris en charge par les États que ce soit pour mener des recherches ou des missions de secours», a déclaré Volker Turk, directeur de la protection internationale au HCR.

«Nous avons besoin que des poursuites judiciaires soient mises en place à l'encontre des passeurs (...) et des moyens alternatifs pour les gens de venir en Europe», a-t-il ajouté lors d'une conférence des Nations unies de deux jours à Londres qui réunit des organisations humanitaires, de développement et de la marine marchande sur la question des migrants de la mer.

Peter Hinchliffe, secrétaire général de la chambre internationale de la marine marchande, a indiqué à l'AFP que 800 navires privés ont dû se dérouter pour venir au secours d'immigrants clandestins, le plus souvent entassés sur des navires de fortune.

Chaque fois qu'un bateau est dérouté pour deux ou trois jours afin de secourir des migrants, cela coûte entre 50 000 et 80 000 dollars au propriétaire du navire, a-t-il fait valoir.

Une nouvelle technique des passeurs a été exposée lors de la conférence. Elle consiste à faire monter sur des cargos sans équipage des immigrants clandestins, comme cela a eu lieu à deux reprises au large des côtes italiennes en janvier dernier.

Selon Laurent Muschel, directeur des migrations et des demandes d'asiles à la Commission européenne, l'agence européenne pour la surveillance des frontières Frontex surveille actuellement une dizaine de navires pour éviter qu'ils ne soient utilisés de cette manière par les passeurs. Une pratique «préoccupante» pour l'organisation maritime internationale (IMO).

Pour Peter Hinchliffe, l'industrie maritime est impuissante puisque c'est selon lui au pays dont le bateau bat pavillon d'empêcher les navires d'être utilisés pour le transport de clandestins.

Depuis le début de l'année, 7500 personnes se sont embarquées en mer à destination de l'Europe parmi lesquelles 370 ont trouvé la mort, selon les chiffres du HCR. En 2014, 219 000 personnes ont tenté leur chance et 3500 ont péri.

L'obligation de se dérouter pour porter secours en mer est une tradition de longue date et une loi depuis la convention des Nations unies de 1982.

«Il y a une véritable inquiétude que le système juridique encadrant le secours en mer, fondé sur une tradition vieille de plusieurs siècles, soit en danger», a mise en garde Koji Sekimizu, le secrétaire général de l'IMO.