Cinq mineurs ont été arrêtés et placés en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur la profanation d'un cimetière juif dans l'est de la France, la plus grave depuis près de 25 ans, a annoncé lundi le procureur de Saverne.

L'un des mineurs, qui sont âgés de 15 ans et demi à 17 ans, s'était dénoncé lundi matin auprès des gendarmes, a déclaré le procureur Philippe Vannier. Aucun des mineurs, tous originaires de la région, n'a d'antécédent judiciaire, a-t-il précisé.

La profanation de plusieurs centaines de tombes à Sarre-Union a entraîné de nombreuses condamnations des autorités et de la communauté juive, dans le sillage des attaques de Copenhague et un mois après les attentats de Paris qui ont fait 17 morts, dont quatre lors d'une prise d'otages dans une épicerie juive.

Au total, 250 tombes ont été dégradées, a précisé le procureur. «La plupart des dégradations sont des renversements de stèles ou des arrachages de colonnes. Quelques caveaux ont également été ouverts sans qu'il soit porté atteinte aux défunts», a-t-il dit.

«Le monument dédié aux victimes de la déportation, qui se trouve à l'entrée du cimetière, a également été détérioré», a-t-il ajouté.

«Ce matin, un jeune homme s'est présenté à la brigade de gendarmerie de Sarre-Union pour se dénoncer en disant qu'il avait participé aux faits», a-t-il détaillé. Ce jeune homme «a mis en cause d'autres garçons. Ils sont cinq au total, tous mineurs».

Ces jeunes auraient commis les faits jeudi après-midi, selon le parquet.

Ils sont «très choqués de la tournure des événements, impressionnés par la mesure de garde à vue dont ils font l'objet», a précisé M. Vannier.

Il s'agit de l'incident le plus grave en France depuis la profanation en 1990 du cimetière juif de Carpentras (sud) par des skinheads.

Le chef de l'État François Holland avait condamné un acte «antisémite» et promis de «punir» les responsables.

La profanation a été annoncée dimanche en fin d'après-midi par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, tout juste rentré de Copenhague où il a rendu hommage aux victimes de la double fusillade contre un centre culturel, accueillant un débat sur la liberté d'expression, et une synagogue.

Selon le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), le nombre des actes antisémites a doublé en 2014 par rapport à 2013 en France, avec même une augmentation de 130 % des actes avec violences physiques.