Quand le nom et la photo de l'auteur présumé du double attentat de Copenhague ont été publiés par les médias danois, Julie, 20 ans, a reconnu son camarade de lycée Omar al-Hussein, qui lui avait porté secours lorsqu'elle a été renversée par une voiture, fin 2013.

Trois jours après l'accident, le jeune homme avait poignardé le passager d'un train de banlieue de Copenhague.

«Je suis profondément émue et choquée. Je n'aurais jamais cru que le terroriste serait un camarade de promotion. Que ce serait ce garçon qui m'a aidée, le jour où j'ai été renversée devant l'école», raconte à l'AFP cette jeune habitante de la banlieue de Copenhague.

«Ce garçon à qui j'ai dit qu'il était quelqu'un de bien, et qui trois jours après a poignardé quelqu'un dans le «S-tog» (le RER de Copenhague, NDLR) et est maintenant le responsable de ces horribles et terrifiantes attaques», raconte-t-elle.

La jeune femme a côtoyé Omar en 2012-2013 au VUC Hvidovre, un établissement lycéen et d'enseignement supérieur dans le sud-ouest de Copenhague, où ils suivent un cursus lycéen accéléré de deux ans, au lieu des trois habituels.

Selon le proviseur du lycée, Peter Zinkernagel, interrogé par la télévision publique danoise DR, «c'était un élève doué et talentueux».

Le jeune homme habitait dans le quartier métissé de Nørrebro se souvient Julie.

«Il avait parfois un comportement assez agressif, mais sinon il était gentil et très intelligent. Il avait de bonnes notes à l'école, avait des amis et était bon camarade», raconte-t-elle, en se souvenant qu'«il s'entraînait dans la cour, il était costaud».

Né au Danemark, le jeune homme est d'origine palestinienne, selon des médias danois. Yeux marron, cheveux noirs, des vêtements «un peu moulants, très normaux», il parlait bien danois, mais aussi arabe, selon Julie.

«Quand j'ai été renversée, il a couru jusqu'à moi et m'a aidée à me ramener au lycée», se rappelle la jeune femme.

Trois jours plus tard, Omar el-Hussein, qui selon des sources policières citées par des médias danois était lié à des bandes délinquantes de la capitale danoise, poignarde plusieurs fois à la jambe un jeune homme de 19 ans, à la station Ny Ellebjerg.

Selon DR, il avait alors été exclu du lycée.

«Je l'ai vu ce jour-là, c'est la dernière fois que je l'ai vu. Déjà à ce moment-là, j'étais très choquée, je n'en revenais pas, je n'y croyais pas», se souvient Julie.

«La police ne l'a pas retrouvé tout de suite, mais plus tard dans une maison dans laquelle il était rentré par effraction». Le jeune homme écope de deux ans de prison, dont il serait sorti il y a deux semaines seulement, selon la presse danoise.

«Au départ, je le voyais comme une bonne personne avec un coeur bon, parce qu'il m'avait aidé. Et puis ensuite j'apprends qu'il a fait du mal à quelqu'un et maintenant ça. C'est impossible de réaliser», dit à l'AFP cette jeune Danoise aux longs cheveux noirs, dont le père, d'origine pakistanaise, est musulman et la mère chrétienne. Elle a demandé que son nom de famille ne soit pas publié.

«Musulman ou non, cela n'a pas beaucoup d'importance aujourd'hui. On est tous Danois», insiste celle qui se définit comme «un mélange de musulmane et de chrétienne».

«Soyons tous ensemble, car c'est ensemble que l'on est le plus fort», a écrit la jeune fille sur son compte Facebook au lendemain des attentats.

Propos recueillis par téléphone par Marc Préel depuis Paris.