À peine de retour à Athènes après leur marathon européen, les dirigeants du nouveau gouvernement grec sont sous pression pour présenter leurs propositions concernant le plan d'aide international du pays, avant une réunion européenne de tous les dangers mercredi.

À peine quelques heures après l'annonce d'une réunion extraordinaire des ministres des Finances de la zone euro, qui sera centrée sur la Grèce et aura lieu à la veille d'un sommet des chefs d'État et de gouvernement européens, Berlin a fait monter la pression.

«D'ici là, le gouvernement grec devrait faire une proposition sur la façon dont les choses doivent se poursuivre», a déclaré vendredi Martin Jäger, porte-parole du ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, au cours d'une conférence de presse régulière du gouvernement.

Et ce alors que les membres du nouveau gouvernement grec ne cessent au contraire de demander du «temps» pour faire leurs propositions.

Le programme d'aide européen à la Grèce arrive à échéance fin février.

Une solution doit être trouvée pour que le pays, dont tout le financement repose désormais sur les largesses de la Banque centrale européenne, ne se retrouve pas en faillite, et déclenche une panique aux conséquences imprévisibles sur les marchés.

L'Union européenne veut convaincre la Grèce de demander une extension de son programme d'aide, qui prévoit des réformes et une discipline budgétaire stricte en échange d'un soutien financier de plus de 200 milliards d'euros (284 milliards de dollars).

Le nouveau gouvernement dominé par le parti de la gauche radicale Syriza, qui conteste ce programme, s'y refuse et préfère parler de solution temporaire, en attendant de remettre à plat en mai ses rapports avec ses créanciers.

La réunion de l'Eurogroupe sur la Grèce «était attendue et elle est bienvenue», ont indiqué des sources proches du premier ministre, Alexis Tsipras, de retour à Athènes jeudi après un marathon d'entretiens à Rome, Paris, Bruxelles, Francfort et Berlin avec des dirigeants européens.

En quête d'une solution

Au cours d'une réunion avec plusieurs ministres, dont celui des Finances Yanis Varoufakis, M. Tsipras a dressé le bilan de cette tournée, en vue de l'Eurogroupe de mercredi, mais aussi de la présentation dimanche du programme gouvernemental au Parlement, avant un vote de confiance prévu mardi.

«Nous sommes sur la bonne voie, nous espérons trouver un accord très prochainement qui prendra en compte le mandat populaire qu'a reçu le gouvernement» aux législatives, a déclaré le porte-parole du gouvernement Gabriel Sakellaridis à la radio Vima Fm.

Les propositions grecques présentées mercredi à Bruxelles par Alexis Tsipras comprennent «un plan relais» donnant au pays la marge financière lui permettant de préparer, «en commun» avec l'UE, «un projet de programme sur quatre ans» (2015-2018) : celui-ci comprendrait des engagements de réformes couplés à un allègement des obligations budgétaires.

Sans surprise, ces propositions se sont heurtées à l'intransigeance allemande : M. Schäuble, grand défenseur de la rigueur budgétaire, a fait part jeudi à Berlin de son «scepticisme» à son homologue grec.

Le président du Conseil italien Matteo Renzi et le président français François Hollande, qui ont reçu M. Tsipras mardi et mercredi respectivement, ont mis l'accent sur la poursuite des réformes tout en laissant la porte entrouverte à un compromis.

Dans une tentative de donner encore une marge de manoeuvre à la Grèce, le ministre italien de l'Economie Pier Carlo Padoan a fait savoir vendredi que l'Eurogroupe «n'était pas un lieu de conflit entre une équipe et une autre, mais celui d'une recherche constante de solutions partagées».

Intervenant dans le dossier, les États-Unis ont quant à eux jugé via leur ambassadeur en Grèce David Pearce «très important que le gouvernement grec travaille en coopération avec ses collègues européens, et avec le FMI».

Avant la réunion extraordinaire de l'Eurogroupe mercredi a lieu une rencontre des ministres des Finances du G20 lundi et mardi à Istanbul.

«La Grèce ne figure naturellement pas à l'ordre du jour officiel, mais on peut probablement s'attendre à ce qu'elle joue un rôle dans les rencontres bilatérales» en marge du sommet, a estimé M. Jäger.