Le Royaume-Uni pourrait devenir mardi le premier pays au monde à autoriser la conception de bébés à partir de l'ADN de trois parents, une technique destinée à empêcher la transmission de certaines maladies graves, à l'issue d'un vote au Parlement.

Les députés britanniques doivent se prononcer en dernière lecture pour ou contre la fécondation in vitro (FIV) avec remplacement mitochondrial.

Cette technologie consiste à retirer de l'ovule de la mère la mitochondrie - soit le générateur d'énergie des cellules - qui est défectueuse pour la remplacer par une mitochondrie saine provenant d'une autre femme.

Après avoir été fécondé par le sperme du père en laboratoire, l'ovule est implanté dans l'utérus de la mère. Le futur enfant sera alors porteur de toutes les caractéristiques génétiques de son père et de sa mère, mais pas de mitochondries responsables de maladies comme la myopathie ou le diabète. L'ADN mitochondrial ne représente en effet que moins d'un pour cent de la quantité totale d'ADN contenue dans une cellule humaine.

Pour les défenseurs de cette technique, elle constitue une avancée majeure qui épargnera bien des souffrances aux enfants à naître et à leur famille.

Pour ses opposants, cela va trop loin en matière de modification génétique et pourrait aboutir à la sélection des bébés.

Si elle est adoptée, la modification de la loi sur l'embryologie et la fertilisation humaine, qui date de 2008, n'aboutira pas au traitement immédiat de toutes les femmes qui en feront la demande.

Elles devront en effet se plier à l'autorisation de l'organisme britannique responsable en matière de bioéthique, le Human fertilisation and embryology authority (HFEA).

Les mutations de l'ADN des mitochondries sont assez fréquentes. Selon des chiffres de 2013, au moment où le gouvernement a approuvé ce procédé, environ un bébé sur 200 est porteur au Royaume-Uni d'une mutation mitochondriale susceptible de provoquer, en passant de la mère à l'enfant, des problèmes neurologiques, musculaires ou cardiaques, de même que la surdité ou le diabète.

Et un sur 6500 est gravement affecté et pourrait souffrir de maladies potentiellement mortelles pour lesquelles il n'y a pas de remède.