L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty international a exhorté mardi les pays européens ayant joué un rôle dans les opérations de la CIA impliquant l'usage de la torture à rendre des comptes et à traduire en justice les complices de ces actes.

«Sans une aide européenne, les États-Unis n'auraient pas pu détenir secrètement et torturer des gens pendant tant d'années», déclare Julia Hall, une responsable d'Amnesty, dans un communiqué diffusé après la publication en décembre dernier d'un rapport accablant du sénat américain sur les pratiques de la CIA.

Ce rapport, estime Mme Hall, «montre clairement que les gouvernements étrangers ont joué un rôle essentiel dans la +réussite+ des opérations de la CIA».

Amnesty cite l'implication possible de la Pologne, de la Roumanie, de la Lituanie, du Royaume-Uni, de l'ancienne République yougoslave de Macédoine et de l'Allemagne.

«Le temps du déni est terminé», ajoute l'organisation. Les membres de l'Union européenne impliqués dans les programmes de la CIA «doivent mener enquête sur leurs rôles dans ces opérations», dit l'ONG, exhortant le Parlement européen à interpeller les capitales européennes sur cette question.

Concernant le Royaume-Uni, Amnesty regrette que l'enquête en cours sur une éventuelle implication des services secrets britanniques, menée par la Commission parlementaire sur le renseignement et la sécurité, ne soit «pas indépendante».

Des sénateurs démocrates américains ont publié en décembre un rapport d'enquête détaillé sur le programme opéré en secret de 2001 à 2009 par la CIA pour capturer et interroger, hors cadre judiciaire, des hommes suspectés de liens avec Al-Qaïda.

Au total, selon ce rapport, 119 détenus ont été capturés et emprisonnés dans le cadre du programme secret de la CIA, dans des sites dits «noirs», dans d'autres pays jamais identifiés, mais qui incluent vraisemblablement la Thaïlande, l'Afghanistan, la Roumanie, la Pologne et la Lituanie.

Amnesty affirme que dans «certains cas» les gouvernements étrangers ont agi avec la CIA «en échange de millions de dollars».