Plusieurs milliers de personnes ont défilé lundi dans les rues d'Istanbul à la mémoire du célèbre journaliste turc d'origine arménienne Hrant Dink, huit ans jour pour jour après son assassinat qui reste entouré de nombreuses zones d'ombre.

Les manifestants ont marché de la place Taksim jusqu'au siège du journal bilingue turco-arménien Agos qu'il dirigeait, derrière une banderole noire sur laquelle était écrit «prenons conscience du génocide avec Hrant Dink» et munis de pancartes «nous sommes tous Hrant Dink, nous sommes tous Arméniens», ont constaté des journalistes de l'AFP.

Le 19 janvier 2007, Hrant Dink, 52 ans, une figure célèbre de la petite communauté arménienne de Turquie, était abattu de deux balles dans la tête devant le siège d'Agos.

Le journaliste oeuvrait à la réconciliation entre Turcs et Arméniens, mais était haï par les nationalistes turcs pour avoir qualifié de génocide les massacres dont les Arméniens ont été victimes pendant la Première Guerre mondiale.

La Turquie refuse catégoriquement de reconnaître toute élimination planifiée des Arméniens par l'Empire ottoman. Le centenaire de ces événements est commémoré cette année.

Mineur au moment des faits, un jeune nationaliste, Ogün Samast, a avoué le meurtre du journaliste et a été condamné en juillet 2011 à 23 ans de prison.

Mais l'identité de ceux qui l'ont poussé à commettre ce crime continue de faire l'objet d'une vive polémique. Un des instigateurs présumés de l'assassinat, Erhan Tuncel, a révélé lors de son procès qu'il avait informé la police d'un complot ourdi contre Hrant Dink, mais que ses avertissements n'avaient pas été entendus.

La justice turque a longtemps écarté la thèse d'une conspiration, jusqu'à ce que la Cour de cassation ordonne en 2013 la réouverture du dossier.

Plusieurs responsables turcs, dont des policiers, font actuellement l'objet de poursuites pour avoir négligé les menaces pesant sur le journaliste.