Les Européens ont plaidé lundi pour une coopération accrue entre eux, mais aussi avec les pays arabes dans la lutte contre le terrorisme, alors que l'Europe était en état d'alerte après les attentats de Paris et le démantèlement d'une cellule djihadiste en Belgique.

«Il faut qu'on renforce notre façon de coopérer (...) avec les pays arabes, et aussi entre nous», a affirmé la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, avant une réunion des 28 ministres des Affaires étrangères de l'UE à laquelle était convié le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi.

«Les attaques terroristes ciblent surtout les musulmans dans le monde, il nous faut donc une alliance, un dialogue pour faire face ensemble», a-t-elle ajouté.

«On va discuter aujourd'hui des aspects de la politique extérieure (...) des relations d'échange plus denses aussi avec les États musulmans dans le monde», a expliqué le ministre allemand, Frank-Walter Steinmeier.

La lutte contre le terrorisme n'est pas seulement «une question militaire ou sécuritaire», a estimé M. al-Arabi, affirmant qu'elle devait se livrer «au niveau intellectuel, culturel, médiatique, religieux». «C'est cela que nous tentons».

La coopération en matière de renseignement, le renforcement des contrôles aux frontières de l'espace Schengen, la lutte contre le trafic d'armes ou la création d'un registre commun des passagers aériens (PNR) sont devenus une priorité des dirigeants européens après les attentats meurtriers de Paris et la vaste opération anti-djihadistes la semaine dernière en Belgique.

Ces questions seront discutées par les ministres de l'Intérieur, compétents sur ces sujets, le 29 janvier à Riga, et surtout lors d'un sommet de chefs d'État et de gouvernement européens le 12 février, consacré à la lutte contre le terrorisme et les «combattants étrangers» européens de retour de Syrie ou d'Irak.

Plusieurs chefs de la diplomatie de l'UE participeront aussi jeudi à Londres à une rencontre organisée conjointement par le Royaume-Uni et les États-Unis entre pays membres de la coalition contre le groupe armé État islamique (EI) en Syrie et en Irak.

«Nous espérons, compte tenu de ce qui s'est passé en France, en Belgique et ailleurs, que le Parlement européen va comprendre qu'il faut débloquer le PNR», a demandé lundi le ministre français, Laurent Fabius. Son homologue belge, Didier Reynders, a lui aussi plaidé pour «plus d'échange d'informations (...) pour suivre à la trace l'ensemble des combattants étrangers».

Menaces de mort

Un Algérien de 33 ans arrêté samedi à Athènes et soupçonné d'avoir un lien avec la cellule djihadiste démantelée récemment en Belgique a été présenté lundi au parquet d'Athènes en vue de son éventuelle extradition, demandée par Bruxelles, a-t-on appris de source judiciaire.

L'audition reprendra mardi, car le procureur a souhaité obtenir des autorités belges des informations supplémentaires avant de prendre ses réquisitions, a indiqué cette source.

La décision finale sur la demande d'extradition vers la Belgique relève du conseil des juges de la Cour d'appel, qui devrait être amené à se prononcer dans les prochains jours.

Cet Algérien arrivé en Grèce en 2011, selon une source policière, fait l'objet «d'un mandat d'arrêt européen des autorités belges pour le chef d'accusation d'action terroriste en Belgique», a indiqué la police grecque dans un communiqué.

«Il y a des éléments suffisants pour demander son extradition», avait indiqué dimanche Thierry Werts, porte-parole du parquet fédéral belge, expliquant que cet homme «pourrait avoir un lien» avec la cellule djihadiste démantelée la semaine dernière en Belgique.

Le parquet avait d'abord démenti dimanche matin tout lien entre les arrestations en Grèce et la cellule démantelée, mais «l'enquête a continué dans l'après-midi» et fourni «de nouveaux développements», selon M. Werts.

Deux hommes avaient été arrêtés samedi par la police grecque dans un appartement du centre d'Athènes. Une source policière avait dans un premier temps indiqué que le principal suspect était âgé de 31 ans. La seconde personne interpellée a été remise en liberté. Des téléphones portables ont été saisis.

Selon les médias belges, le chef et pourvoyeur de fonds de la cellule démantelée, qui projetait des attentats contre des policiers et des commissariats en Belgique, est Abdelhamid Abaaoud, un Belge d'origine marocaine de 27 ans qui a combattu dans les rangs du groupe armé État islamique en Syrie.

Son téléphone aurait été localisé en Grèce, d'où il communiquait, par le biais du frère de l'un d'eux, avec les deux djihadistes tués jeudi soir lors de l'assaut de la police contre leur cachette à Verviers (est de la Belgique), a notamment affirmé la chaîne de télévision flamande VTM. Mais selon le journal La Dernière Heure, il pourrait également se trouver en Turquie.

L'armée a commencé samedi à surveiller certains sites sensibles à Bruxelles et à Anvers. Jusqu'à 300 soldats seront à terme mobilisés. La police britannique a conseillé à ses agents d'être prudents en faisant notamment retirer leurs adresses des listes électorales, et a «pris des mesures autour des bâtiments».

En France, neuf personnes soupçonnées d'avoir pu apporter un soutien logistique à Amedy Coulibaly, en armes et véhicules notamment, sont en garde à vue jusqu'à mardi soir. Coulibaly avait tué une policière près de Paris puis quatre personnes juives dans une supérette casher dans l'est de Paris le 9 janvier.

En Allemagne, la manifestation hebdomadaire du mouvement anti-islam Pegida a été annulée lundi à Dresde (est) en raison de menaces de mort proférées par l'EI contre l'un des organisateurs. Lundi dernier, 25 000 personnes, un record, avaient défilé dans la capitale de la Saxe.

Lundi, environ 800 000 personnes ont manifesté à Grozny, capitale de la Tchétchénie, contre la publication de caricatures du prophète Mahomet dans Charlie Hebdo. De nombreuses manifestations avaient déjà eu lieu ce week-end dans des pays musulmans. Au Niger, de violentes émeutes ont fait dix morts.