Dix-sept cadavres ont été retrouvés ces deux dernières années dans les canaux de Manchester, un chiffre si anormalement élevé qu'un chercheur n'a pas hésité à évoquer l'existence d'un tueur en série, une thèse toutefois catégoriquement réfutée par la police.

Huit corps en 2013, neuf l'année dernière, selon le Manchester Evening News... Ces chiffres sont en proportion nettement supérieurs aux 32 morts accidentelles ou naturelles et sept suicides enregistrés en 2013 dans les canaux et aqueducs de tout le Royaume-Uni, selon le National Water Safety Forum.

Si la majorité des décès de Manchester (nord-ouest de l'Angleterre) a été attribuée à des accidents, «il faut tout envisager», estime Craig Jackson, professeur en psychologie à l'Université de Birmingham.

«On ne peut pas exclure la possibilité d'un tueur en série», dit-il dans une interview au Times. «En tant que chercheur, j'étudie le suicide et je peux affirmer que les gens ne choisissent que très rarement de se jeter dans les canaux» pour mettre fin à leurs jours, argumente-t-il.

L'affaire s'est rapidement retrouvée dans les colonnes des journaux locaux et sur les réseaux sociaux, les internautes débattant de l'existence du «Pousseur», un tueur psychopathe qui pousserait ses victimes, essentiellement des hommes, dans les eaux de Manchester.

En avril 2013, Debbie Grimshaw, une habitante de la région, écrivait sur Facebook: «Il y a trop de coïncidences, trop de jeunes hommes qui perdent la vie à cet endroit».

Mais selon une source policière interrogée par l'AFP, ces spéculations sont tout simplement «absurdes».

«Il faut impérativement garder à l'esprit que toutes ces affaires ont fait l'objet d'enquêtes et qu'aucune preuve n'a montré que ces décès pouvaient être liés ou considérés comme suspects», a déclaré Russ Jackson, chef de la brigade criminelle locale.

«La dernière chose que nous souhaitons, c'est que les familles en deuil puissent souffrir de fausses informations propagées dans les médias affirmant qu'il y aurait une série d'agressions liées entre elles», a-t-il dit.

Une autre thèse est évoquée à Manchester, imputant les morts à la rénovation urbaine du centre-ville, qui, en rapprochant bars et discothèques des canaux, accentuerait le risque d'accident.

Des aménagements doivent d'ailleurs être réalisés pour que certaines zones soient interdites d'accès la nuit. «Nous travaillons étroitement avec la police de Manchester pour améliorer la sécurité» sur les voies situées au niveau des canaux, a ainsi assuré Pat Karney, un élu local.