Le bébé rom décédé fin décembre dont une commune de la banlieue de Paris avait refusé l'inhumation a été enterré lundi dans une ville voisine alors que le président François Hollande s'est associé à l'indignation provoquée par cette affaire.

L'inhumation du petit cercueil blanc a eu lieu au cimetière de Wissous, à sept kilomètres de Champlan où vit la famille de l'enfant, après une cérémonie religieuse dans une église catholique à laquelle ont participé une centaine de personnes.

Le président François Hollande s'est associé lundi matin à l'émotion suscitée par l'affaire révélée samedi, disant refuser que la France «s'en (prenne) à l'autre comme ça s'est passé dans un cimetière». Le premier ministre Manuel Valls avait évoqué dimanche «une injure à ce qu'est la France».

La justice a ouvert lundi une enquête pour «discrimination», afin de «déterminer les conditions dans lesquelles le refus d'inhumer aurait été opposé à la famille», a annoncé le procureur d'Évry Éric Lallement dans un communiqué.

La petite Maria Francesca, âgée de deux mois et demi, est décédée de mort subite du nourrisson dans la nuit du 25 au 26 décembre dans le bidonville où elle vivait avec sa famille à Chantran, en bordure des pistes de l'aéroport d'Orly. Son décès a été constaté dans l'Hôpital de Corbeil où elle avait été transportée. L'entreprise de pompes funèbres a dit s'être heurtée au refus du maire de Champlan Christian Leclerc (droite) de lui accorder une place dans le cimetière de la ville.

Christian Leclerc est sorti de son silence dimanche pour évoquer un malentendu et assurer qu'«à aucun moment» il ne s'était opposé à l'inhumation, contredisant des propos antérieurs rapportés par Le Parisien. Selon le quotidien, le maire avait fait état d'un manque de place dans le cimetière et argué que la famille ne payait pas d'impôts.

De nombreux responsables politiques ont exprimé leur indignation, la dernière en date Marine Le Pen, présidente du Front national (extrême droite) dénonçant lundi un «défaut d'humanité».

Les parents de la petite fille, originaires de Roumanie, vivent depuis au moins huit ans en France. Ils ont deux garçons de 5 et 9 ans, scolarisés à Champlan.

Quelque 20 000 Roms vivent actuellement en France, le plus souvent dans des conditions précaires, installés dans des campements illégaux dont ils sont fréquemment chassés.

Le 1er janvier, un bébé rom âgé de deux mois est mort à la gare de Lille (nord) dans les bras de sa mère qui mendiait. Selon les services de secours interrogés par l'AFP, le bébé a vraisemblablement lui aussi été victime de la mort subite inexpliquée du nouveau-né.

Des associations locales ont indiqué que les services sociaux avaient alerté les pouvoirs publics sur la situation de sa famille qui vivait dans un baraquement proche de la gare, et demandé en vain une mesure d'hébergement. Les dispositifs d'hébergement des personnes sans abri ou vivant dans des abris précaires, parmi lesquelles de plus en plus de familles, sont saturés en France.