Le président socialiste français François Hollande a «assumé» lundi son échec face au chômage record de son pays et fait du retour de la croissance sa priorité absolue pour l'enrayer et préserver ses chances de briguer un second mandat en 2017.

«Je suis président de la République, je ne vais pas dire "c'est la faute de l'étranger, de la crise"», a-t-il déclaré sur la radio publique France Inter, en se disant déterminé à «changer tout ce qui bloque» et «prendre tous les risques» pour redresser la situation.

«Ce que je veux, c'est que la France crée durablement des emplois. Or elle ne le fera que si la croissance dépasse 1 %», a estimé M. Hollande en détaillant les axes de son action en 2015.

Économie, climat, international, société : l'impopulaire président est à l'offensive sur tous les fronts pour tenter de se remettre en selle dans la perspective d'une candidature à sa réélection, même s'il a assuré ne pas s'en préoccuper «pour l'instant».

M. Hollande, qui a fait de la baisse du chômage record la condition d'une candidature à sa réélection, a martelé sa volonté de «tout faire» pour que ses réformes puissent «marcher d'ici la fin du quinquennat et même le plus tôt possible».

Il a notamment expliqué la hausse continue du chômage en France par le fait qu'il y avait, à l'inverse de l'Allemagne, moins de départs à la retraite que d'arrivées de jeunes sur le marché du travail.

Le chef de l'État espère glaner cette année les premiers fruits de sa politique d'allègement des charges des entreprises pour relancer l'investissement et l'emploi.

«Je fais tout pour que la France soit plus forte et plus juste à la fin de mon quinquennat», a-t-il insisté.

Une partie délicate l'attend fin janvier avec une réforme clé, censée doper l'activité en libéralisant certains secteurs et en étendant le travail dominical, contre laquelle bataille une partie de la gauche opposée à son virage social-libéral.

M. Hollande a aussi mis en avant un agenda international intense, qui culminera en décembre à Paris avec une conférence mondiale sur le climat pour laquelle il espère un accord «contraignant» sur la lutte contre le réchauffement de la planète.

Pour financer celle-ci, il a plaidé en faveur de l'instauration «au plus tard en 2017» d'une taxe sur les transactions financières en Europe «la plus large possible».

Au plan diplomatique, il a écarté l'idée d'une intervention française en Libye, mais appelé la communauté internationale à «prendre ses responsabilités» face à la menace d'un nouveau sanctuaire djihadiste dans ce pays.

Redorer une image dégradée

Sur l'Ukraine, il s'est montré confiant quant à des «progrès» au sommet du 15 janvier à Astana auquel il participera avec les présidents russe et ukrainien et la chancelière allemande Angela Merkel. Il a estimé que les sanctions pesant sur Moscou devront «être levées» si tel était le cas.

M. Hollande a également annoncé un sommet franco-allemand dimanche pour «parler de l'avenir de l'Europe» avec Mme Merkel.

Sur le front intérieur, le président a appelé à garder «les nerfs solides, la pensée ferme», devant la crise identitaire «grave» traversée par la France, où l'extrême droite est l'une des plus puissantes d'Europe.

Il a dit refuser qu'«on s'en prenne à l'autre comme ça c'est passé dans un cimetière», après le refus du maire d'une commune de la région parisienne d'inhumer dans le cimetière un bébé rom, une affaire qui a indigné en France.

Au sortir d'une «annus horribilis», François Hollande multiplie les initiatives pour se rapprocher des Français tout en redorant son image présidentielle dégradée.

Le chef de l'État se déplace depuis quelque temps sur le terrain sans médias ou reçoit des anonymes à l'Élysée. Renouant avec une tradition ancrée par ses prédécesseurs, Philae, un Labrador, niche depuis peu à l'Élysée.

François Hollande bénéficie d'une légère embellie dans les enquêtes d'opinion. Sa cote, tombée au plancher jamais vu de 13 % à l'automne, a rebondi en décembre, un sondage publié avant Noël le créditant de 25 % d'opinions favorables.

Mais le calendrier électoral 2015 s'annonce dur, avec deux défaites promises aux socialistes lors d'élections départementales en mars et régionales en fin d'année.