À deux jours de Noël, alors que les artères commerciales et les marchés publics sont bondés, une série de trois attaques - dont une a fait un mort - a forcé le gouvernement français à renforcer la sécurité partout au pays, notamment en déployant des militaires.

Hier, un autre incident a été déjoué de peu, à Cannes, alors que les policiers ont arrêté un homme armé avant qu'il n'entre dans un marché public. Il portait deux fusils à pompe et un couteau de 25 cm. Grâce aux caméras de surveillance de la ville, les policiers l'ont repéré rapidement, à 5h du matin.

Alors que le Front national a fait planer le spectre du «terrorisme», le président François Hollande a une nouvelle fois appelé à «ne pas céder à la panique» et à faire preuve d'un «très grand sang-froid». Peu de temps après, le président a confirmé la mort d'une victime à Nantes.

Le premier ministre Manuel Valls a demandé à la population de faire preuve de vigilance. «Nous voulons protéger et rassurer les Français, et leur dire que tous les services de l'État sont mobilisés», a-t-il déclaré en marge d'une réunion ministérielle d'urgence.

Manuel Valls a confirmé l'ajout de 200 à 300 militaires - notamment dans les centres-villes et les réseaux de transports - aux 780 hommes déjà engagés dans le dispositif de sécurité antiterroriste, appelé Vigipirate.

En attendant, beaucoup de Français sont inquiets, comme Mondher, cordonnier dans le 11e arrondissement: «C'est horrible, a-t-il dit à La Presse. Il faut faire attention, mais il faut faire avec et ne pas avoir peur quand on va faire ses courses. On parle de gens fous et malades.»

Plus loin, place de la Bastille, beaucoup de gens n'étaient tout simplement pas au courant des événements des derniers jours. Alors que les touristes affluaient autour de l'opéra comme à l'habitude, d'autres ont dit que la vie normale devait continuer.

L'incident le plus grave est survenu avant-hier, à Nantes, quand un homme a fait un mort et une dizaine de blessés, dont cinq sont toujours hospitalisés, en fonçant sur des piétons avec une voiture dans un marché de Noël. L'automobiliste de 37 ans, qui souffrirait d'alcoolisme et de troubles psychologiques, s'est asséné plusieurs coups de couteau avant que les policiers l'immobilisent.

Une enquête pour assassinat et tentative d'assassinat est ouverte, a annoncé hier Brigitte Lamy, procureure de la République.

Les attaques se succèdent

Le premier des trois événements est survenu samedi soir à Joué-Lès-Tours, dans le centre de la France. Armé d'un couteau, un jeune homme de 20 ans a blessé trois policiers en scandant «Allah Akbar» (qui signifie «Dieu est le plus grand») avant d'être abattu par la police.

Dimanche, à Dijon, un autre automobiliste a foncé sur des piétons en criant «Allahou Akbar» et blessé 13 personnes. Schizophrène connu - il a fait 157 internats volontaires en unité psychiatrique depuis 15 ans, selon l'Agence France-Presse -, ce fils d'une mère algérienne et d'un père marocain a déclaré avoir agi seul, pour la cause des enfants palestiniens et tchétchènes.

Sans minimiser les drames survenus au cours des derniers jours, le premier ministre Manuel Valls a estimé que «chaque événement de ces trois derniers jours est distinct» mais provoqué par des «réactions mimétiques».

Selon lui, il ne faut pas sauter trop vite aux conclusions et il faut garder une «parole proportionnée».

Le spectre du terrorisme

De son côté, le Front national a plutôt avancé le motif du terrorisme, et un éditorial du quotidien Le Figaro a blâmé les «fous d'Allah».

Manuel Valls a néanmoins déclaré qu'«il y a une menace terroriste en France» et que «c'est sans doute le défi majeur de notre époque». Il y a «une menace d'une ampleur jamais égalée», a-t-il ajouté, en précisant que 1200 personnes en sol français étaient «concernées par le djihad».

- Avec l'Agence France-Presse