Nicolas Sarkozy a été élu samedi président de l'UMP, avec 64,5% des voix, un score moins élevé qu'attendu qui ne le place pas en position optimale dans la nouvelle campagne qui débute, celle de la primaire de 2016.

Le nouvel élu a promis sur son compte Facebook de «créer les conditions du plus large rassemblement» possible, s'engageant ainsi à tendre la main à ses rivaux, en particulier, Bruno Le Maire, désormais incontournable à droite avec 29,18% des voix.

La mobilisation des militants (58,1%), «d'un niveau inégalé dans l'histoire de notre mouvement, est la meilleure réponse à deux années de querelles internes et de divisions», écrit M. Sarkozy, en allusion à la guerre Copé/Fillon qui avait failli faire imploser l'UMP fin 2012. 58,1% des plus de 268.000 adhérents de l'UMP ont participé au vote, par internet. Soit davantage qu'en 2004 (53,29%), quand M. Sarkozy avait été élu pour la première fois, avec 85% des voix, à la présidence du parti, et en 2012 (54,35%).

Le scrutin a été marqué par des cyberattaques sans conséquence, mais qui ont conduit l'UMP à porter plainte.

Le nouveau patron du principal parti d'opposition a également annoncé qu'il rencontrerait, «dès lundi, les principaux responsables de (sa) famille politique afin de créer les conditions du plus large rassemblement».

Le vote, qui «marque un nouveau départ» pour l'UMP, a-t-il ajouté, s'est toutefois traduit pour lui par un score relativement moyen, même s'il lui assure de rester aux manettes jusqu'à la «primaire ouverte» de 2016.

Certaines sources UMP confiaient même à l'AFP qu'il s'agissait là d'«un très mauvais score pour Sarkozy. Il n'est pas le roi du pétrole!».

«Chacun devra désormais tenir compte du renouveau», a affirmé M. Le Maire, dont les proches laissaient entendre pendant sa campagne qu'il pourrait bien lui aussi participer à la primaire en cas de bon score.

«La volonté de renouveau devra être entendue et respectée», a-t-il prévenu. Avec ce bon résultat, il distance désormais les autres quadras de l'UMP comme Nathalie Kosciusko-Morizet, Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez ou François Baroin.

Quant à M. Mariton (6,32%), il s'est félicité auprès de l'AFP «d'avoir rassemblé 10.000 voix», bien qu'il ait disposé «de beaucoup moins de moyens et bien moins d'exposition médiatique» que ses «concurrents».

L'ancien président du mouvement Jean-François Copé, dont la démission forcée en juin dernier pour cause d'affaire Bygmalion a provoqué cette nouvelle élection, a téléphoné à M. Sarkozy pour le féliciter et lui assurer que «toutes les conditions sont réunies pour que notre famille politique soit rassemblée au service de la France».

«L'union n'est pas la soumission»

Vers 21h30, Nicolas Sarkozy s'est rendu dans son QG, rue du docteur Lancereaux (Paris VIIIe), sans faire de déclarations, mais visiblement décontracté et accompagné de son épouse Carla Bruni-Sarkozy. Luc Chatel puis David Douillet l'ont rejoint quelques instants plus tard, de même qu'Eric Woerth.

Ses proches misaient il y a encore quelques jours sur un score d'environ 70%, malgré la campagne jugée réussie de Bruno Le Maire.

La campagne des deux derniers mois a montré un Sarkozy déterminé, dont l'énergie ne semble pas avoir été entamée par sa semi-retraite, vécue dans ses bureaux parisiens de la rue de Miromesnil, qu'il a souvent délaissés pour des conférences grassement payées à travers le monde ou pour accompagner son épouse dans ses tournées.

L'ancien président, s'il garde la cote auprès des militants, suscite toujours la défiance des Français et des sympathisants de droite qui lui préfèrent désormais Alain Juppé, le maire de Bordeaux et futur concurrent à la primaire, qu'il avait laissé se faire huer sur ses terres, s'attirant les reproches de nombre d'électeurs de la droite modérée.

M. Juppé est apparu souriant après l'annonce des résultats, adressant ses «félicitations très amicales à Nicolas Sarkozy» et l'invitant à donner à la formation politique, dont il est le fondateur avec Jacques Chirac, «l'élan qu'elle attend».

Autre rival de M. Sarkozy, François Fillon a lui prévenu que «l'union n'est pas la soumission». «Un grand parti moderne accepte la différence ! Pour ma part, je défendrai mes convictions et poursuivrai le travail engagé pour bâtir un véritable projet de redressement de la France», a prévenu l'ancien Premier ministre, également candidat à la primaire de 2016.

Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a lui proposé avec malice à M. Sarkozy de débattre avec lui.