Le Front national (FN) français, l'une des plus puissantes formations d'extrême droite d'Europe, est sur la défensive après des révélations de presse sur un emprunt contracté auprès d'une banque russe par ce parti, fervent défenseur de Moscou.

La présidente du FN, Marine Le Pen, a contesté mercredi soir auprès de l'AFP des «accusations délirantes» du site d'information en ligne Mediapart sur l'ampleur de ce prêt obtenu fin septembre de la First Czech Russian Bank (FCRB).

De premières révélations de Mediapart avaient amené la direction du parti à reconnaître le week-end dernier un emprunt de 9 millions d'euros (12,6 millions de dollars).

Le site a récidivé mercredi soir en affirmant que «les responsables du Front national ont voulu emprunter en Russie une somme globale de 40 millions d'euros (56 millions de dollars)».

À l'appui de ses informations, Mediapart cite un membre du bureau politique du FN expliquant, «sous couvert d'anonymat», que les 9 millions ne sont qu'«une première tranche» et que 31 autres «vont suivre».

«C'est fantaisiste, délirant», a réagi Marine Le Pen. «Il n'a jamais été question d'un prêt de 40 millions d'euros. Nous avons sollicité 9 millions d'euros et nous avons obtenu 9 millions d'euros», a-t-elle ajouté.

Le FN, qui fait valoir que l'opération est légale, justifie son recours à des financements russes en assurant que les banques françaises ont refusé de lui prêter de l'argent, rejetant tout lien avec ses positions favorables à Vladimir Poutine.

Les dirigeants du Front national sont des soutiens de longue date du «patriotisme» du président russe, que Mme Le Pen aurait elle-même rencontré à Moscou en février, selon Mediapart.

En France, le FN, comme l'extrême gauche et l'ancien président de droite Nicolas Sarkozy, a critiqué dernièrement le choix de Paris de conditionner la livraison de deux navires de guerre Mistral commandés par Moscou au règlement de la crise ukrainienne.

La révélation de l'emprunt russe du parti a amené l'un de ses vice-présidents, Florian Philippot, à réclamer une loi pour obliger les banques françaises à accorder des prêts aux formations politiques.

À l'inverse, un député de la majorité socialiste au pouvoir a appelé à freiner et interdire à terme les financements de partis par des banques non européennes.

L'affaire du prêt du FN survient à l'approche d'un congrès du parti samedi et dimanche à Lyon (centre-est). Le Front a enchaîné les succès électoraux en France cette année, emportant 11 villes aux municipales de mars avant d'arriver en tête aux européennes de mai puis de faire son entrée au Sénat fin septembre avec deux sièges.

Plusieurs sondages récents placent Marine Le Pen en tête des intentions de vote au premier tour de la prochaine présidentielle de 2017.