La Russie et l'Abkhazie, une république séparatiste géorgienne, ont signé lundi un accord d'alliance et de partenariat stratégique, a annoncé le Kremlin dans un communiqué, au grand dam de Tbilissi, qui a dénoncé l'«annexion» de ses territoires.

L'accord prévoyant «une coopération plus étroite entre la Russie et l'Abkhazie dans les domaines social, économique et humanitaire, ainsi que sur les questions de politique extérieure, défense et sécurité», a été signé par le président russe Vladimir Poutine et son homologue abkhaze Raoul Khadjimba à Sotchi, station balnéaire russe aux bords de la mer Noire.

«Il s'agit d'assurer l'existence de l'Abkhazie (...) et créer des conditions pour poursuivre le développement des liens socio-économiques» entre ce petit territoire du Caucase où vivent quelque 240 000 personnes et la Russie, a déclaré M. Poutine, cité dans le communiqué.

En 2015, la Russie va ainsi octroyer à l'Abkhazie 5 milliards de roubles (268 millions d'euros) dans le cadre de la mise en place de cet accord qui prévoit notamment la création d'un groupe commun de forces armées et d'un espace commun socio-économique, a-t-il précisé.

Raoul Khadjimba a salué un «évènement historique». «Notre peuple a fait il y a longtemps son choix historique en faveur du renforcement d'une coopération d'égal à égal et de l'alliance avec la Russie», a-t-il déclaré.

La Géorgie a de son côté dénoncé un «pas vers l'annexion de facto de la région d'Abkhazie par la Fédération de Russie». «Le gouvernement géorgien condamne cet acte illégal», a déclaré lundi la ministre géorgienne des Affaires étrangères, Tamar Beroutchachvili, aux journalistes.

L'Abkhazie, petit territoire frontalier de la Russie bordé par la mer Noire, a déclaré son indépendance et l'a défendue pendant une guerre avec les forces géorgiennes au début des années 1990.

La Russie, qui soutient également l'Ossétie du Sud, autre région séparatiste géorgienne située à sa frontière, a reconnu l'indépendance de ces deux territoires à l'issue de la brève guerre qui l'a opposée à la Géorgie en août 2008.

L'Otan et l'Union européenne, dont les relations avec Moscou sont déjà très tendues en raison de la crise ukrainienne, ont également condamné lundi soir cet accord, qui «compromet les efforts en cours pour stabiliser la situation sécuritaire dans la région», selon la nouvelle chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini.

«Ceci viole la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Géorgie, contredit les principes du droit international et les engagements internationaux de la Russie», a-t-elle ajouté dans un communiqué, en rappelant que cet accord était contraire à celui signé par Moscou en août 2009 pour mettre fin au conflit.

Moscou a depuis installé des bases militaires dans ces deux régions, ce qui a été qualifié d'occupation par la Géorgie.

«Nous ne reconnaissons pas ce soi-disant traité» qui «ne contribue pas à trouver une solution pacifique et durable» au conflit, a pour sa part regretté un porte-parole du secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg.

«Nous continuons  d'appeler la Russie à revenir sur sa reconnaissance des régions géorgiennes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie comme États indépendants et à retirer ses troupes de Géorgie», a-t-il poursuivi.