Le ministère public espagnol a engagé vendredi des poursuites contre le président catalan Artur Mas, pour avoir organisé le 9 novembre une consultation symbolique sur l'indépendance de cette région d'Espagne, dont la justice avait ordonné la suspension.

Artur Mas ainsi que la vice-présidente de la Catalogne Joana Ortega et la conseillère régionale de l'Éducation Irène Rigau sont poursuivis pour «désobéissance civile, malversation, abus de pouvoir et usurpation de fonctions».

Le ministère public avait annoncé mercredi cette procédure, dans la foulée de la consultation qui a attiré 2,3 millions de personnes, dont 80 %, soit 1,8 million, ont dit «oui» à un État catalan indépendant.

Une condamnation pour désobéissance civile peut entraîner une interdiction d'exercer des fonctions électives, tout comme l'abus de pouvoir. Les malversations de fonds peuvent en outre entraîner une peine allant de trois à six ans de prison. La conseillère de l'Éducation est poursuivie parce que des écoles secondaires publiques ont été utilisées comme bureaux de vote.

Artur Mas, qui a revendiqué le «droit de décider» du peuple catalan pour passer outre la suspension du vote ordonné par le Tribunal constitutionnel, a déclaré jeudi que le choix du ministère public de le poursuivre était «non seulement curieux, mais très décevant».

Le vote avait été qualifié de succès total par M. Mas, qui avait ouvertement assumé l'éventuelle responsabilité judiciaire de ses actes. Le président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, qui avait saisi la justice pour l'interdire, avait de son côté considéré qu'il s'agissait d'un «échec», soulignant que seul un tiers de l'électorat potentiel s'était mobilisé.

La Catalogne connait une poussée de l'indépendantisme depuis la crise économique qui a éclaté en 2008, aggravée par l'intransigeance de Madrid face à ses demandes d'autonomie.