Le ministre portugais de l'Intérieur Miguel Macedo a démissionné dimanche, tirant les conséquences d'une vaste affaire de corruption liée à l'attribution de visas «dorés» réservés aux investisseurs étrangers qui secoue les hautes sphères de l'État.

M. Macedo, qui a affirmé «ne pas avoir de responsabilité personnelle», a estimé que son «autorité politique» avait été affaiblie par l'affaire, lors d'une allocution télévisée.

Le ministre, 55 ans, qui avait été nommé à son poste en juin 2011, a expliqué avoir pris sa décision pour «défendre le gouvernement, l'autorité de l'État et la crédibilité des institutions».

Ancien secrétaire général du PSD, parti de centre droit du premier ministre, Pedro Passos Coelho, Miguel Macedo était pressenti pour lui succéder.

La police portugaise avait arrêté jeudi onze personnes, dont le patron de la police des frontières (SEF), Manuel Jarmela Palos, la secrétaire générale du ministère de la Justice, Maria Antonia Anes, et le directeur administratif des notaires, Antonio Figueiredo, dans le cadre d'un vaste coup de filet.

M. Macedo, sans être lui-même visé par l'enquête du ministère public, est un proche de plusieurs des personnes impliquées dans ce dossier, et notamment de M. Figuereido, a rapporté dimanche l'hebdomadaire portugais Expresso.

Trois citoyens chinois font partie des onze interpellés, qui sont maintenus en détention depuis jeudi et interrogés un par un depuis vendredi par un juge d'instruction.

La police avait mené, jeudi, 60 perquisitions dans tout le pays, notamment au sein des ministères de l'Intérieur, de l'Environnement et de la Justice et dans locaux la police des frontières.

Au coeur du scandale

L'enquête concerne des faits de «corruption, trafic d'influence, détournement de fonds et blanchiment de capitaux» liés à «l'attribution de visas dorés», avait détaillé le parquet général.

En mal de capitaux étrangers, le Portugal accorde depuis octobre 2012 des visas «dorés» à des investisseurs étrangers prêts à débourser 500 000 euros pour l'achat d'une maison ou d'un appartement, pour une durée minimum de cinq ans.

Depuis leur mise en place, ils ont attiré dans le pays plus d'un milliard d'euros pour un total de près de 1800 visas accordés en majorité à des investisseurs chinois, mais aussi brésiliens, russes ou encore sud-africains, selon le gouvernement.

La grande majorité opte pour l'achat de biens immobiliers, mais d'autres options existent: transférer au moins un million d'euros au Portugal ou y créer dix emplois.

Une fois le sésame obtenu, les investisseurs ne sont pas obligés de vivre dans le pays de manière permanente, il suffit d'y résider sept jours pendant l'année. De nombreux investisseurs profitent du visa pour voyager librement et faire des affaires dans l'espace Schengen.

Le mécanisme des visas «dorés», dans la ligne de mire de l'opposition de gauche, dont certains membres demandent la suppression est défendu par le vice-premier ministre, Paulo Portas, à l'origine de leur mise en place.

«On ne peut mettre dans un même sac le potentiel d'un programme utile pour la croissance avec d'éventuels abus ou crimes», a-t-il fait valoir.

Le départ de M. Macedo, quatrième démission d'un ministre depuis l'élection de Pedro Passos Coelho en juin 2011, oblige le premier ministre à remanier son gouvernement pour la 11e fois.

Le départ le plus fracassant avait été celui, le 1er juillet 2013, de l'ancien ministre des Finances Vitor Gaspar, architecte de la cure d'austérité imposée au Portugal, et dont la démission avait plongé le pays dans une grave crise politique.