La Russie a annoncé lundi le lancement d'un nouveau service international multimédia, financé par l'État, qui vise à lutter contre «la propagande agressive» de l'Occident et fournir une «interprétation alternative» des événements dans le monde.

La structure, baptisée Sputnik, comprendra notamment le service en langues étrangères de l'agence de presse publique Ria-Novosti et la radio Voix de Russie, qui ont été réunies en décembre dernier au sein d'une grande agence Rossia Segodnia (Russie d'Aujourd'hui), a déclaré son directeur, Dmitri Kisselev, lors d'une conférence de presse.

«Nous sommes contre la propagande agressive qui nourrit le monde et impose un point de vue unipolaire», a lancé M. Kisselev, un présentateur controversé, connu pour ses commentaires tranchés contre l'opposition ou les homosexuels.

L'objectif de Sputnik, dont les informations seront publiées sur le site Sputniknews.com et diffusées sur les ondes radio dans une trentaine de pays, parmi lesquels la France, la Chine et les États-Unis, est de «montrer un monde multipolaire», a-t-il souligné.

«Nous allons donner une interprétation alternative des événements, pour laquelle il y a une forte demande dans le monde», a indiqué M. Kisselev. «Le monde ne peut pas être unipolaire, cela aboutit à des victimes et à l'effusion de sang», a-t-il souligné.

Dmitri Kisselev, présentateur du journal d'information analytique hebdomadaire «Vesti nedeli» sur la chaîne publique Rossia, qui diffuse régulièrement des reportages critiques sur l'opposition, anti-américains ou anti-gais, avait été nommé en décembre dernier à la tête de l'agence de presse Rossia Segodnia par un décret du président Vladimir Poutine.

M. Kisselev est notamment connu pour avoir estimé nécessaire d'interdire aux homosexuels d'être donneurs de sang et de «brûler leurs coeurs, en cas d'accident, comme inaptes à faire durer la vie de quelqu'un d'autre».

En mars, il a été interdit d'entrée en Union européenne pour la «propagande soutenant le déploiement des forces russes en Ukraine», après le rattachement à la Russie de la péninsule ukrainienne de Crimée à majorité russophone.

Le Kremlin aspire depuis plusieurs années à améliorer l'image de la Russie à l'étranger, où Moscou est souvent critiqué pour la répression de l'opposition, le contrôle strict sur la société civile ou encore son implication présumée dans le conflit en Ukraine qui oppose les forces régulières à des séparatistes prorusses.