Les indépendantistes catalans sont descendus dans les rues à Barcelone pour une ultime démonstration d'unité hier soir, à 36 heures de la consultation de demain sur l'avenir de cette région du nord-est de l'Espagne.

«Nous sommes ici pour notre liberté», explique Ricardo Rovida, venu avec sa femme et ses deux filles, toutes drapées de l'estelada, emblème des indépendantistes.

Le Barcelonais ira voter demain malgré la suspension du processus par le Tribunal constitutionnel espagnol. Comme les dizaines de milliers de Catalans décorés de ballons jaunes sur la place d'Espagne, il appuie le président Artur Mas dans sa décision de maintenir le scrutin de demain.

Ce vote n'aura aucune valeur légale. Il s'agit d'un processus participatif, une sorte de sondage à grande échelle organisé par des bénévoles sans liste ni commission électorales, puisque le gouvernement espagnol a refusé un référendum aux Catalans.

«Ce n'est pas l'idéal, mais c'est une première étape vers l'indépendance», affirme M. Rovida avant de jeter le blâme sur le premier ministre Mariano Rajoy.

«Il ne nous comprend pas. S'il avait fait un effort pour comprendre les Catalans il y a deux ans, nous ne serions pas ici à manifester», lance-t-il, faisant référence à l'échec de négociations d'une nouvelle entente fiscale en 2012.

Deux ans plus tôt, le Tribunal constitutionnel avait révoqué une partie du pacte d'autonomie de la Catalogne, dont son statut de nation. Ces deux événements ont contribué à relancer le sentiment indépendantiste catalan, exacerbé par la crise économique.

«La démocratie en Espagne, c'est un gros mensonge»

À quelques pas de M. Rovida, Laia Fernandez ne cache pas son impatience.

«Nous en avons assez! laisse tomber la jeune femme de 22 ans. Pourquoi avons-nous encore besoin d'être ici à manifester? Pourquoi ne pouvons-nous pas être dans une école pour voter une fois pour toutes?»

«La démocratie en Espagne, c'est un gros mensonge», affirme son copain Alex Callardo.

Les deux étudiants universitaires ont fait l'école buissonnière pour venir clamer une fois de plus leur appui au projet indépendantiste. Ils ont également participé aux manifestations de la Diada, la fête nationale, qui ont réuni de 1,5 à 1,8 million de Catalans tous les 11 septembre depuis 2012. Laia souhaite que le vote de dimanche interpelle la communauté internationale.

«Peut-être que l'Union européenne pourrait intervenir en notre faveur et dire à l'Espagne que nous méritons un référendum?», dit-elle.

«Il n'y a pas de retour en arrière»

Intervention extérieure ou non, Montse Barejo est convaincue que l'avenir de la Catalogne passe par sa souveraineté.

«Si nous gardons espoir de devenir indépendants? Non, nous en sommes sûrs», dit en riant la femme blonde d'une quarantaine d'années accompagnée par six amis.

«Nous sommes déjà détachés de l'Espagne dans notre tête et dans notre coeur. Ça prendra peut-être 5 ans, peut-être 10, mais il n'y a pas de retour en arrière possible», poursuit-elle en replaçant son foulard jaune marqué de l'inscription Ara ès l'hora (il est maintenant temps).

L'heure est au vote. Les indépendantistes devront s'exprimer en grand nombre pour encourager Artur Mas à passer à la deuxième étape de son plan. Le président espère de 2 à 3 millions de votes sur les quelque 5,4 millions de Catalans qui ont voix au chapitre.

Ensuite, si les négociations avec Mariano Rajoy restent au point mort, Artur Mas pourrait être tenté de déclencher une élection plébiscitaire portant explicitement sur la question nationale et, éventuellement, de procéder à une déclaration d'indépendance unilatérale.

Les deux questions

1. Voulez-vous que la Catalogne devienne un État?

2. Dans le cas d'une réponse affirmative, voulez-vous que cet État soit indépendant?

Qui peut voter?

> Les Catalans âgés de 16 ans et plus

> Les Catalans vivant à l'extérieur du pays

Il y a un bureau de vote à Montréal : ACCIO (Agence catalane de soutien à la compétitivité de l'entreprise)

380, rue Saint-Antoine Ouest, bureau 2030, Montréal H2Y 3X7