Recep Tayyip Erdogan avait promis d'être un président actif, et il a dépassé les espoirs de ses plus fervents partisans en faisant lui-même respecter dimanche dans les rues d'Istanbul une loi interdisant de fumer dans certains lieux publics.

Rapportée lundi par les médias turcs, vidéo à l'appui, la scène s'est déroulée dans le quartier stambouliote d'Esenler.

Après un discours, le chef de l'État islamo-conservateur se promenait dans les rues du quartier lorsqu'il a aperçu un homme qui fumait sur la terrasse couverte d'un café, en violation flagrante d'une loi qui interdit la cigarette dans les lieux publics fermés.

L'ancien maire d'Istanbul s'est brutalement arrêté et a pointé du doigt le contrevenant. «Il y a des sanctions contre ça. Où est la police ?», a-t-il lancé à la cohorte qui le suivait.

«Je sais», lui a imprudemment répondu le maire de l'arrondissement, Tevfik Göksu. «Tu le sais, mais il n'a pas le droit», a fulminé M. Erdogan. «Il se comporte délibérément de façon impolie», a-t-il ajouté, «cet effronté est assis là et continue à fumer quand bien même le président lui a dit de ne pas le faire».

Le maire de l'agglomération d'Istanbul Kadir Topbas a vainement tenté de calmer le chef de l'État en suggérant que le contrevenant pourrait promettre de ne pas recommencer.

Mais M. Erdogan ne s'en est pas contenté et a ordonné à la police municipale de le verbaliser sur le champ. Selon les médias turcs, le fumeur a écopé d'une amende de 90 livres turques (un peu plus de 42 $).

Le café a par ailleurs dû verser une amende de 6000 livres (plus de 2800 euros). «Tout le monde a vu (ce qui s'est passé)», a justifié le gouverneur d'Istanbul Yuksel Unal devant la presse, «c'est pourquoi nous avons décidé d'appliquer la sanction maximale».

Le gouvernement turc a imposé en 2009 une loi interdisant de fumer dans les lieux publics, officiellement pour protéger la santé publique.

Premier ministre pendant onze ans avant d'être élu président en août dernier, M. Erdogan, musulman pratiquant, est régulièrement accusé par ses adversaires d'être un autocrate et de vouloir «islamiser» la société turque.

Ces dernières années, il a multiplié les mesures restreignant l'usage du tabac et de l'alcool.