Quatre partis belges ont conclu mardi un accord pour former un gouvernement de droite, un peu plus de quatre mois après les élections législatives du 25 mai, a annoncé le chef des libéraux francophones Charles Michel, qui sera le prochain premier ministre.

La coalition sera composée de trois partis flamands - les nationalistes de la N-VA, les chrétiens-démocrates du CD&V et les libéraux de l'Open VLD - et d'un seul parti francophone, le Mouvement réformateur de Charles Michel.

Le libéral francophone Charles Michel, va accéder aux plus hautes responsabilités politiques à 38 ans à peine, après une carrière précoce entamée dans l'ombre de son père, l'ancien ministre et commissaire européen Louis Michel.

À la tête d'une coalition de droite, Charles Michel deviendra dans quelques jours un des plus jeunes chefs de gouvernement de l'Union européenne, et le plus jeune du royaume depuis 1840.

S'il n'est pas encore quadragénaire, le successeur du socialiste Elio Di Rupo, - crâne déjà dégarni et costumes élégants - fait partie du paysage politique belge depuis plus de 15 ans.

Après avoir collé des affiches pour son père, figure des libéraux belges, il rejoint à 16 ans la section jeunesse du Mouvement réformateur de Jodoigne, le fief de la famille Michel situé le long de la frontière entre la Wallonie et la Flandre. À 18 ans, il est élu conseiller de la province du Brabant wallon.

Bon néerlandophone - une qualité qui reste rare dans le personnel politique francophone -, le jeune homme né le 21 décembre 1975 étudie ensuite le droit à Bruxelles et à Amsterdam, et devient avocat en 1995.

Quatre ans plus tard, il est élu député fédéral et, en octobre 2000, il obtient le portefeuille de ministre régional wallon chargé des Affaires intérieures et de la Fonction publique, devenant à 25 ans le plus jeune ministre de l'histoire du royaume.

De fin 2007 à début 2011, Charles Michel est ministre de la Coopération, un poste considéré comme secondaire.

«Bousculer l'ordre établi»

Mais c'est en conquérant la tête du Parti réformateur, début 2011, que Charles Michel prend une stature nationale. Au côté de son père et de la frange «libérale-sociale» du parti, réunie au sein d'un groupe baptisé «Renaissance», il mène la fronde et parvient à écarter de la présidence du parti l'homme fort des libéraux depuis plus de 10 ans, le ministre des Finances Didier Reynders, qui vient de subir deux défaites électorales.

«C'est quelqu'un de très déterminé, prêt à prendre ses responsabilités, quitte à bousculer l'ordre établi», dit de lui l'un de ses collaborateurs, qui le décrit comme un «pur intellectuel», féru de littérature et de poésie, et un amateur de cuisine française et italienne.

Débatteur habile, souriant sur les plateaux de télévision, mais parfois adepte d'une langue de bois pure et dure, il sort vainqueur des élections du 25 mai côté francophone avec un gain de deux sièges, sans toutefois parvenir à dépasser l'adversaire socialiste.

Désigné pendant l'été «informateur» puis «formateur» - c'est-à-dire chargé de préparer la formation du gouvernement - par le roi Philippe, Charles Michel prend les autres partis francophones de court en négociant une coalition avec trois partis néerlandophones, dont les nationalistes de la Nouvelle alliance flamande (N-VA), alors qu'il avait juré de ne jamais pactiser.

Avec 20 élus sur 63 francophones à la Chambre des députés, le MR ne représente qu'un quart des électeurs francophones. Mais, pour Charles Michel, le jeu en vaut la chandelle, puisque c'est l'occasion de mettre en oeuvre des réformes économiques et mettre fin, espère-t-il, à l'instabilité politique que vit le royaume depuis 10 ans.