Un Tchadien qui s'était vu refuser le statut de réfugié a tenté vendredi de s'immoler par le feu dans les locaux de la Cour nationale du droit d'asile (CNDA) à Montreuil (banlieue parisienne), dernier recours pour les étrangers qui demandent protection à la France.

Secouru par les pompiers, l'homme est grièvement brûlé au cuir chevelu et sur le haut du corps mais son pronostic vital ne semble pas engagé, a déclaré une source policière.

«Cette personne avait fait l'objet il y a quelques mois d'une décision de rejet de sa demande d'asile par l'Ofpra», l'administration chargée en France d'octroyer ou de refuser l'asile à ceux qui craignent pour leur vie dans leur pays, a précisé le secrétaire général de la CNDA, Pascal Girault.

«Il avait fait un recours, rejeté par la CNDA», a-t-il précisé. Cependant, vendredi, «il s'est présenté pour avoir des informations sur les moyens d'obtenir un réexamen de sa situation».

Le service d'accueil lui a fourni des explications et «c'est à ce moment-là qu'il s'est aspergé d'essence et a mis le feu à ses vêtements».

En théorie, un dossier de demande d'asile ne peut pas être examiné une seconde fois par l'administration, sauf si «la personne apporte des éléments nouveaux», a précisé un porte-parole de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).

«Il était à deux mètres du bureau d'accueil, regardait les tableaux d'affichage et s'est aspergé avec une grande bouteille remplie d'un liquide transparent», a relaté à l'AFP Me Maya Lino, qui a assisté à la scène. «Il avait les yeux dans le vague. Il a sorti un briquet de sa poche, a essayé une première fois, ça n'a pas marché et tout le monde a crié», ajoute-t-elle.

«Il a recommencé une seconde fois, et là les flammes sont montées d'un coup jusqu'au haut de son crâne. Il s'est mis à courir», a-t-elle ajouté. Les cris ont été perçus jusque dans la salle d'audience où un autre avocat, Me Gilles Piquois, était en train de plaider.

Dans les salles d'audience de Montreuil se joue chaque année le destin d'un peu moins de 40 000 demandeurs d'asile dont le dossier a été rejeté par l'Ofpra.

C'est là l'une de leurs toutes dernières chances d'obtenir la protection de la France, si leur dossier répond aux conditions de la Convention de Genève. En cas de refus, ils ont une plus grande probabilité d'être expulsés du territoire français.

«Souvent les décisions de la CNDA sont ressenties comme dramatiques et je le comprends car elles peuvent mettre fin à un projet de vie», a réagi le directeur général de France Terre d'Asile Pierre Henry.

Sur 38 540 décisions rendues par la CNDA en 2013, 108 concernaient des Tchadiens. Seuls 17 ont eu gain de cause, un taux de refus de près de 84%, comparable à celui constaté pour les autres nationalités.