L'accusation a requis mardi une peine de 15 ans de prison à l'encontre de Fouad Belkacem, figure de proue du groupuscule islamiste Sharia4Belgium, soupçonné d'être le plus grand pourvoyeur en Belgique de combattants pour la Syrie, et dont 46 membres sont jugés pour appartenance à une «organisation terroriste».

Une peine de quatre ans a été requise à l'encontre de Jejoen Bontinck, un jeune Anversois aujourd'hui âgé de 19 ans qui avait rejoint la Syrie pendant huit mois en 2012, jusqu'à ce que son père parvienne à l'exfiltrer.

Dans son long réquisitoire entamé lundi devant le tribunal correctionnel d'Anvers (nord), la procureure auprès du parquet fédéral, Ann Fransen, a minutieusement décrit la structure, l'idéologie et les activités de ce groupe de jeunes salafistes actif depuis 2010 dans plusieurs villes belges, en particulier à Anvers et dans la région de Bruxelles.

«L'objectif de Sharia4Belgium est de renverser l'État belge et de le remplacer par un État islamique. La participation active à la lutte armée (en Syrie) constitue un moyen de parvenir à cet objectif», a affirmé la procureure.

Elle a souligné que les volontaires de Sharia4Belgium avaient rejoint les rangs de groupes djihadistes syriens les plus durs, liés à Al-Qaïda et au groupe État islamique (EI), et que certains y avaient commis des «crimes horribles».

Seuls huit prévenus sont présents au procès. Les autres sont soupçonnés d'être en Syrie, où une partie aurait même perdu la vie. Les plaidoiries de la défense sont prévues le 8 octobre.

Présenté par l'accusation comme le fondateur et la cheville ouvrière de Sharia4Belgium, Fouad Belkacem a refusé mardi de quitter sa cellule. Pour le parquet, il ne fait pas de doute qu'il était le dirigeant d'une «organisation terroriste», dont la société doit se protéger, même si aucun projet d'attentat sur le sol belge n'a été mis au jour.

Des peines de 8 à 15 ans de prison ont été requises à l'encontre des 15 autres dirigeants présumés de Sharia4Belgium, tandis que les simples membres du groupe encourent de un an de prison avec sursis à dix ans fermes.

Le père de Jejoen Bontinck, Dimitri, a jugé «scandaleux» que le parquet réclame quatre ans de prison contre son fils. «Ce sont tous des bons à rien au sein de la justice. Ils ont traité mon fils comme un chien, il n'est pas remercié pour l'aide qu'il a apportée à l'enquête», s'est emporté l'ancien militaire, cité par le quotidien local Gazet Van Antwerpen.

Jejoen Bontinck, dont le témoignage a en grande partie nourri l'enquête, fait partie des prévenus, mais il s'est également portée partie civile contre certains de ses coaccusés, qui l'ont séquestré sous l'accusation d'espionnage pendant plusieurs mois lorsqu'il se trouvait en Syrie.