La présidente de la chambre basse du Parlement polonais, Mme Ewa Kopacz, a été chargée lundi par le chef de l'État de former un nouveau gouvernement, à la place du cabinet sortant de Donald Tusk appelé à la tête du Conseil de l'Union européenne.

«Ce sera un bon gouvernement (...) Je sais que ma tâche sera difficile, mais je suis prête à relever ce défi», a déclaré à la presse Mme Kopacz, 57 ans, après avoir reçu des mains du président Bronislaw Komorowski son acte de désignation.

Ewa Kopacz est une fidèle inconditionnelle du premier ministre sortant et une gestionnaire perfectionniste.

L'actuelle présidente de la chambre basse du Parlement polonais «est une personne absolument loyale à l'égard de Donald Tusk et de son parti, la Plateforme civique (PO, centre). C'est une loyauté sans faille», déclare à l'AFP Eryk Mistewicz, spécialiste en marketing politique.

Pour la politologue Ewa Pietrzyk-Zieniewicz, «elle n'est pas considérée comme une personnalité politique autonome (...), mais plutôt comme une dame de fer, toujours derrière Donald Tusk».

Médecin pédiatre de formation, cette femme de 57 ans, à la démarche dynamique, portant tailleurs élégants et talons aiguilles, est aussi vice-présidente de la Plateforme civique dont elle prendra les rênes après le départ de Donald Tusk pour Bruxelles en décembre.

Ewa Kopacz (prononcer Kopatch, NDLR) devra assurer l'année prochaine la direction du gouvernement et du parti à travers deux élections difficiles : la présidentielle et les législatives.

Technocrate, sans profil politique clairement défini, elle a en revanche d'incontestables qualités de gérance.

Mémoire numérique

«Elle excelle dans la gestion du temps et des projets. On dirait qu'elle est dotée d'une mémoire numérique, c'est une perfectionniste, une fourmi parfaite», selon M. Mistewicz.

Issue d'une famille modeste, fille d'une couturière et d'un serrurier, c'est une «femme intransigeante, avec du caractère», raconte dans son livre Janusz Palikot, un ancien partisan de Donald Tusk.

«Bien des fois, je l'ai vue en colère. Et s'il m'est arrivé de voir parfois Donald Tusk hors de lui, c'était bien à cause d'elle. Mais elle n'en a jamais subi de conséquences», ajoute-t-il.

Membre de PO depuis sa création en 2001, Ewa Kopacz se rapproche particulièrement de Donald Tusk quelques années plus tard, quand elle soutient personnellement sa mère et sa soeur, toutes deux gravement malades à l'époque, selon la presse polonaise.

«Tout ce qu'elle touche, c'est avec une persévérance et un sérieux mortels», souligne le commentateur politique Jacek Zakowski.

En avril 2010, lorsque le Tupolev -154 du président polonais Lech Kaczynski s'écrase près de Smolensk en Russie tuant tous ses 96 occupants, la ministre de la Santé Ewa Kopacz se rend sur place pour assister personnellement aux travaux d'identification des victimes à la morgue.

«On ne rigole pas avec Ewa Kopacz. Quand elle s'accroche à quelque chose, elle ne lâche plus», souligne Jacek Zakowski.

En 2009, alors que le monde s'empressait d'acheter massivement des vaccins contre la grippe A/H1N1 promus par les grosses compagnies pharmaceutiques, elle a refusé de suivre le mouvement, mettant en jeu son autorité de ministre et de médecin.

«Ce vaccin qui ne contient que des quantités infimes de substances actives, serait-il de l'eau bénite plutôt qu'un vrai vaccin?», ironisait-elle en expliquant sa décision devant le Parlement.

Dans un pays où environ 90 % de la population se déclare catholique, et où la loi anti-avortement reste parmi les plus restrictives en Europe, Ewa Kopacz a bravé toutes les voix criant au scandale en soutenant le droit à l'IVG pour une fillette de 14 ans, victime d'un viol.

«Je ne vois rien de mauvais dans un avortement qui est conforme à la loi en vigueur depuis 15 ans», déclarait-elle à l'époque, tout en reconnaissant éprouver un «malaise» en tant que catholique, mais pas en tant que fonctionnaire.

Médecin pédiatre, Mme Kopacz est divorcée et mère d'une fille.