Concert, débat télévisé et même déjeuners politiques: les camps du Oui et du Non à l'indépendance de l'Écosse, au coude à coude dans les sondages, ne connaissaient pas de répit dimanche, à quelques jours d'un référendum d'autodétermination historique.

L'exécution par l'État islamique de l'otage David Haines, un travailleur humanitaire écossais de 44 ans, a toutefois jeté une ombre sur la campagne.

Le Premier ministre écossais, Alex Salmond, également chef de file des indépendantistes, a condamné un meurtre dont «le niveau de brutalité dépasse l'imagination».

A l'approche du scrutin convoqué jeudi, les deux camps sont dans un mouchoir de poche, même si le Non, en tête dans trois des quatre sondages réalisés ce week-end, semble mener d'une courte tête.

Les unionistes l'emporteraient ainsi avec 53% des voix, avance une enquête Opinion-The Observer.

L'institut de sondage note que la «principale préoccupation des partisans du Non concerne l'aptitude d'un gouvernement écossais indépendant à remplir ses engagements économiques, notamment en termes de santé et de retraite».

«S'il fallait tirer un enseignement de ces quatre sondages, c'est que chaque voix compte. Il n'y a pas de place pour un vote protestataire quand l'enjeu est si élevé», a commenté le directeur de campagne du Non, Blair McDougall.

«Les sondages montrent que le référendum peut basculer d'un côté comme de l'autre», a souligné pour sa part le chef de l'équipe rivale, Blair Jenkins.

Bien qu'incertain du résultat qui sortira des urnes, le camp du Oui s'attèle déjà à préparer une éventuelle indépendance.

«La première chose à faire serait de rassembler tous les Écossais», a déclaré Alex Salmond sur la BBC, promettant de réunir tous ceux «qui auront quelque chose à offrir», quel que soit leur camp.

M. Salmond a également indiqué que des «spécialistes dans toute une série de domaines» avaient été approchés pour préparer une éventuelle victoire des séparatistes.

Tandis que leur leader s'exprimait, quelque 2000 indépendantistes ont manifesté dans les rues de Glasgow jusque devant le siège du groupe de radio-télévision dans cette ville pour protester contre sa couverture du référendum, jugée pro-Non. Une partialité dont la BBC s'est défendue.

Face au risque de division que pourrait susciter le référendum, les leaders religieux écossais ont également appelé à l'unité.

La campagne, même au stade

«Ceux qui voteront Oui, comme ceux qui choisiront le Non, doivent se souvenir que nous sommes tous des Écossais», a dit John Chalmers, un haut responsable de l'Église d'Écosse, lors d'un sermon dans la cathédrale Sainte-Marie d'Edimbourg.

Si la politique n'a pas été évoquée lors du service religieux, à l'extérieur, les langues se déliaient.

«Ma femme et moi sommes clairement pour le Non, nous sommes britanniques!», a dit Tony Maddon, 67 ans, un bénévole travaillant dans la cathédrale. «Le plus important, c'est que l'Eglise encourage les gens à voter, pour que la voix de chacun puisse se faire entendre».

Selon plusieurs médias, la reine Elizabeth II, qui refuse de s'impliquer officiellement dans la campagne, aurait également fait une déclaration après avoir assisté à un service religieux près de sa résidence d'été écossaise de Balmoral. «J'espère que les gens vont soigneusement réfléchir à l'avenir», aurait-elle dit.

Pour tenter de faire pencher la balance de son côté, le camp du Oui multipliait les initiatives... jusqu'à inviter les jeunes Écossais à faire la promotion de l'indépendance lors des repas de famille dominicaux. Le but est de séduire les personnes âgées, considérées comme les électeurs les plus réticents à l'éclatement du Royaume-Uni.

Les pro-indépendance ont également organisé dans la soirée un concert à Édimbourg qui s'est tenu à guichets fermés. Les groupes Franz Ferdinand, Mogwai et Frightened Rabbit sont montés sur scène.

«C'est vraiment un moment passionnant pour l'Écosse et c'est super de participer à cet événement», a déclaré Mogwai avant le début du concert.

La campagne a également fait irruption dans les stades de football: samedi soir, des supporters ont brandi des pancartes pour le Oui à la 18e minute (comme le 18 septembre, jour du référendum) lors du match entre les Celtic de Glasgow et Aberdeen.

«Les classes populaires sont pour (l'indépendance), ça ne fait pas un pli», a assuré un fan du Celtic, Danny McGee, 28 ans, persuadé que «les financiers de Londres» intriguent pour tenter de maintenir l'intégrité du Royaume-Uni.