Deux options à égalité dans les sondages, des politiciens en opération charme de dernière minute et des institutions financières qui menacent de déménager: la campagne référendaire écossaise a des airs de déjà-vu au Québec.

Le premier ministre Alex Salmond a d'ailleurs établi des liens avec le référendum de 1995 à l'occasion d'une rencontre avec la presse internationale, hier, à une semaine du vote qui décidera de l'avenir de l'Écosse.

«Si je veux comprendre ce que le camp du Non fait, je n'ai qu'à regarder ce que le camp du Non a fait dans le dernier référendum au Québec», a lancé M. Salmond.

«Si on mène une campagne négative, la moindre des choses, c'est de construire sa propre campagne négative, et de ne pas copier celle de quelqu'un d'autre», a ajouté le premier ministre écossais, qui a également souligné l'emprunt du «Non merci» de Pierre Elliott Trudeau, en 1980, devenu «No, thanks».

Alex Salmond a délibérément choisi le 11 septembre pour convoquer la presse étrangère. À cette date, en 1997, les Écossais se sont dotés d'un Parlement par voie référendaire. Dix-sept ans plus tard, «les yeux du monde sont braqués sur l'Écosse», a lancé le premier ministre, en verve.



Le milieu de la finance en état d'alerte

M. Salmond a dénoncé «l'intimidation des partis britanniques», qu'il a perçue dans la visite précipitée en Écosse de grandes pointures de la politique du Royaume-Uni, mais surtout dans les menaces de désertion des institutions financières qui ont suivi.

Mercredi, le premier ministre britannique David Cameron, le chef du Parti travailliste Ed Miliband et le chef du parti libéral-démocrate Nick Clegg sont venus exhorter les Écossais à demeurer dans le Royaume-Uni.

Au même moment s'est amorcée dans le monde de la finance une vague d'annonces de relocalisation dans l'éventualité d'une victoire du Oui.

La compagnie d'assurance Standard Life a menacé de déplacer une partie de ses activités à Londres. La Royal Bank of Scotland, quant à elle, compte s'enregistrer légalement dans la capitale anglaise plutôt qu'en Écosse, un geste qui n'entraînera toutefois aucun déplacement de personnel. La Lloyds Bank of Scotland et la Clydesdale Bank sont au nombre des autres sociétés à avoir pris parti pour le statu quo.

Peu impressionné, Alex Salmond a estimé que «les Écossais ne s'arrêtent désormais plus aux histoires de peur du camp du Non. On a vu David Cameron dire aux Écossais à quel point il les respectait et les admirait, pendant que ses conseillers économiques faisaient de leur mieux pour que les grandes sociétés discréditent l'indépendance écossaise».

Le milieu de la finance ne parle pas d'une seule voix. Martin Gilbert, le directeur général d'Aberdeen Asset Management, une société qui gère plus de 300 milliards de livres sterling d'investissements, a estimé qu'une indépendance de la région serait «un grand succès». Angus Grossart, autre figure importante du milieu, a affirmé que les impacts du référendum sur les marchés étaient «grandement exagérés».

Le Non remonte

L'opinion publique est encore plus divisée que le secteur financier. Le plus récent sondage, signé YouGov, donnait hier 52% des appuis au Non, une fois les indécis exclus.

La même firme avait placé le Oui à 51% dimanche, ce qui signifie que l'option indépendantiste, en forte hausse ces dernières semaines, recule pour la première fois depuis le début du mois d'août.

Le sondage de dimanche dernier était le premier et le seul coup de sonde à concéder l'avance aux indépendantistes. L'avertissement a provoqué la visite de MM. Cameron, Miliband et Clegg au nord du fleuve Tweed.

À une semaine du vote fatidique, tout est encore possible. C'est ce qui explique l'intérêt sans précédent pour la question référendaire. Un nombre record de 4 285 323 d'électeurs sont inscrits sur la liste électorale, soit 97% de la population âgée de 16 ans et plus, âge limite pour être habilité à voter.