Le sondage qui a annoncé, dimanche, l'avance des indépendantistes en Écosse a secoué les partisans de l'Union. Pris de panique, ils parent au plus pressé: le premier ministre David Cameron devrait ainsi faire des annonces dès aujourd'hui pour inverser la tendance actuelle. Explications de nos correspondants.

Il a suffi qu'un sondage annonce pour la première fois, dimanche, que les partisans de l'indépendance sont majoritaires en Écosse pour que la panique s'empare de Londres et du camp favorable à l'union. Dans les heures qui ont suivi, le responsable des Finances George Osborne a promis le transfert de pouvoirs financiers vers Édimbourg. «Vous allez voir un plan d'action pour donner plus de pouvoir à l'Écosse, a assuré le responsable conservateur. Plus de pouvoirs par rapport aux impôts, plus de pouvoirs sur les dépenses, plus de plans pour avoir la mainmise sur l'État providence.»

Le premier ministre britannique David Cameron devrait détailler ces mesures dès aujourd'hui afin de convaincre les derniers indécis de sa bonne volonté.

L'ancien premier ministre Gordon Brown a appuyé hier les déclarations de son ancien adversaire politique. «Lorsque les gens verront l'étendue des pouvoirs dont bénéficiera le Parlement écossais, notamment sur la monnaie, ils décideront en faveur des pouvoirs étendus du Parlement écossais au sein du Royaume-Uni.»

Dans la foulée, il a révélé qu'il arpenterait l'Écosse pendant six jours pour convaincre les indécis de voter Non. Mais là encore, aucune précision - rien d'autre que la promesse d'une imminente annonce importante. Il ne fait guère de doute que le camp du Non tente de parer au plus pressé, d'éteindre l'incendie qui risque fort de consumer le Royaume-Uni actuel.

Le premier ministre écossais et leader du Parti national écossais (SNP), Alex Salmond, ne disait pas autre chose lorsqu'il a qualifié de «mesures de panique de dernière minute» les sorties des politiciens qui siègent à Londres.

«Trop peu, trop tard»

Alyn Smith, député du SNP au Parlement européen, affirme de son côté que c'est «trop peu, trop tard» et que ces déclarations témoignent d'un «échec intellectuel probant». «Ces promesses viennent après trois ans de délais et d'inaction. La campagne de peur du Non s'est transformée en campagne du bouleversement. Les Écossais ne se laisseront pas berner par cette comédie.»

Le député se fait moins incisif au sujet de la reine. Selon lui, Élisabeth II n'a pas à s'en faire: Alex Salmond a toujours affirmé qu'une Écosse indépendante garderait la reine si tel était le souhait des Écossais. «Il n'y a aucune raison pour que sa position soit altérée par l'indépendance de l'Écosse, conclut Alyn Smith. Les Canadiens savent bien que la reine d'Angleterre peut être la reine de plus d'un pays.»

Plusieurs rumeurs

Les médias ne font guère preuve de plus de calme. Certains lancent même des rumeurs selon lesquelles la Royal Bank of Scotland a déjà prévu de déménager à Londres en cas d'indépendance de l'Écosse. Pire: toutes les grandes entreprises financières écossaises passeraient au sud de la frontière.

Preuve de l'étendue de l'inquiétude, la livre a perdu 1,3% par rapport au dollar, et le cours boursier des principales sociétés écossaises cotées a perdu du terrain. Les milieux économiques ne maîtrisent visiblement pas mieux leurs nerfs, même s'il reste encore neuf jours avant le vote.

«L'Écosse doit-elle être un pays indépendant?»

Oui /non

4-7 AOÛT 39%/61%

12-15 AOÛT 43%/57%

28 AOÛT- 2 SEPT 475/53%

2-5 . SEPT. 51%/49%