Le sommet de l'OTAN s'est ouvert jeudi à Newport, au Pays de Galles (Royaume-Uni), dans un contexte électrique dominé par la crise ukrainienne, sur fond de guerre des mots entre Russes et Occidentaux appelés à conforter leur aide militaire à Kiev.

Alors qu'une soixantaine de chefs d'État et de gouvernement posaient pour la photo de famille jeudi midi à Newport, pour un sommet censé envoyer un message de fermeté à la Russie, la réplique ne s'est pas fait attendre de Moscou.

Les États-Unis soutiennent «le parti de la guerre en Ukraine», a lancé le ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov, dénonçant «un sursaut de la rhétorique antirusse» à la faveur de la crise ukrainienne.

Dans une veine encore plus anti-occidentale, le vice-premier ministre russe Dmitri Rogozine a pour sa part qualifié sur Twitter l'OTAN de «fille hystérique de la Guerre froide».

Revers militaires ukrainiens

Pourtant, c'est dans ce contexte d'escalade verbale que le président ukrainien Petro Porochenko, invité central du sommet de l'OTAN, a assuré qu'un cessez-le-feu pourrait être signé vendredi à Minsk, en Biélorussie.

Petro Porochenko a aussi assuré que l'OTAN allait soutenir ses membres prêts à apporter une assistance militaire à l'Ukraine. Il s'est entretenu avec les dirigeants américain, britannique, français, allemand et italien, juste avant l'ouverture du sommet.

«Les É.-U., la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la France et l'Italie soutiennent l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Ensemble, soyons forts!», a posté le président ukrainien sur sa page Facebook après la rencontre.

Les dirigeants ont évoqué la situation dans l'est du pays et le plan de règlement proposé mercredi par le président russe Vladimir Poutine.

Ce plan en sept points a déjà été qualifié de «poudre aux yeux» par Kiev, et de «soi-disant plan de paix» par M. Rasmussen.

Les 28 membres de l'Alliance entendent accentuer leurs pressions sur Moscou, accusé d'entretenir et de participer à la guerre dans l'est de l'Ukraine.

Décision emblématique de ces pressions, l'annonce, à la veille du sommet, de la suspension par la France de sa livraison d'un navire de guerre Mistral à la Russie. Par ailleurs, d'autres sanctions européennes pourraient être annoncées vendredi.

M. Porochenko aura également plusieurs bilatérales dans la journée, notamment avec le président français François Hollande.

Jeudi après-midi, la réunion de la commission OTAN-Ukraine sera l'occasion pour les 28 leaders de l'Alliance d'affirmer solennellement leur solidarité avec Kiev.

Sur le terrain, de nombreuses explosions aux abords du port stratégique de Marioupol ont été entendues.

Lutte contre l'État islamique

«Ce sommet de l'OTAN est l'un des plus importants dans l'histoire de l'alliance», a déclaré M. Rasmussen à son arrivée à Newport, mentionnant l'Ukraine, mais aussi l'autre grand dossier brûlant: la menace représentée par l'État islamique (EI), responsable d'atrocités en Syrie et en Irak, et qui a revendiqué les meurtres de deux journalistes américains.

«La communauté internationale dans son ensemble a l'obligation de stopper l'avancée de l'État islamique», a lancé M. Rasmussen.

La lutte contre cette organisation ultra violente fera l'objet de réunions en marge du sommet et constituera le thème principal du dîner des chefs d'État jeudi soir alors que Washington tente de bâtir une coalition contre l'EI.

Le président américain Barack Obama et le premier ministre britannique David Cameron ont réaffirmé leur «détermination à affronter» cette organisation, dans une tribune publiée jeudi par le quotidien The Times.

«L'État islamique est une menace directe pour le Royaume-Uni», a répété jeudi matin M. Cameron à la BBC, alors que Londres, dont un ressortissant pris en otage est menacé d'exécution par l'EI, n'exclut plus de s'associer aux frappes américaines en Irak.