Les deux leaders des camps du oui et du non à l'indépendance écossaise se sont accrochés, comme il y a trois semaines, sur la monnaie et les revenus du pétrole lors de leur deuxième débat télévisé lundi soir.

À trois semaines du référendum du 18 septembre, Alex Salmond, chef de file des séparatistes, et Alistair Darling, à la tête de la campagne «Better Together» ont échangé avec passion pendant 90 minutes sur la scène du Kelvingrove Art Gallery and Museum de Glasgow.

Le face-à-face, retransmis en direct par la BBC, a eu lieu à la veille des premiers votes par correspondance alors que les sondages continuent d'accorder en moyenne une douzaine de points d'avance au camp du non.

Déclaré vainqueur par les commentateurs du premier débat le 5 août, M. Darling s'est cette fois fait bousculer par un M. Salmond nettement plus agressif.

Selon un sondage express réalisé par le Guardian et l'Institut ICM auprès de plus de 500 votants écossais, le premier ministre écossais a survolé le débat par 71 % à 29 %. Il y a trois semaines, le même sondage avait conclu à la victoire de M. Darling, par 56 % à 44 %.

En difficulté il y a trois semaines sur la question cruciale de la monnaie, Alex Salmond a été plus convainquant, même si M. Darling a continué à marteler qu'il n'avait «pas de plan B».

«De plan B, je peux vous en donner trois au prix d'un», a répondu M. Salmond. Le premier plan étant que le premier ministre écossais reste convaincu que le Royaume-Uni finira par accepter de partager la livre Sterling «parce que c'est dans son intérêt» en plus de celui de l'Écosse.

«Et même si ce n'est pas le cas, personne ne peut nous empêcher de continuer à utiliser la livre Sterling», a ajouté M. Salmond, même si ce n'était alors plus sous couvert de la Banque centrale d'Angleterre.

Sur sa lancée, le champion du «oui» a même réussi à arracher à M. Darling ce qu'il a qualifié de «révélation de la soirée» lorsque l'ancien ministre britannique des Finances a lâché: «bien sûr que nous (les Écossais) pourrions garder la livre.»

«Je pense que l'union monétaire serait mauvaise pour l'Écosse car notre politique budgétaire serait décidée par ce qui serait alors un pays étranger, c'est-à-dire à Londres et non à Édimbourg», a cependant aussitôt ajouté M. Darling.

Comme prévu, les deux hommes se sont également escrimés sur les réserves pétrolières de la mer du Nord, en déclin.

Les indépendantistes comptent sur cette manne pour assurer la prospérité du nouveau pays. Mais les projections de Londres sur les recettes fiscales à venir lors des cinq prochaines années sont nettement moins flamboyantes (17,6 milliards de livres) que les scénarios les plus optimistes échafaudés à Édimbourg (38,7 milliards).

«Vos prévisions sont bien trop optimistes. On prendrait un risque énorme car ces revenus sont imprévisibles. Je ne veux pas voir mon pays devenir si dépendant de quelque chose de si volatil», a souligné Alistair Darling, accusant son adversaire de raconter «des bêtises» sur ce sujet.

Alex Salmond a contre-attaqué sur le terrain du social, assurant que l'indépendance protégerait le système de santé public contre les coupes budgétaires.

«Les yeux du monde sont braqués sur l'Écosse», a martelé le premier ministre écossais, rappelant que les Écossais votaient la plupart du temps à gauche pour se retrouver avec un gouvernement conservateur à Westminster, dont celui de Margaret Thatcher, dont il a évoqué le nom dès la dixième seconde de son discours d'ouverture.

Le camp du «oui» n'a «pas de plan B pour rien», a répliqué Alistair Darling, renvoyant sans cesse au «risque énorme» que constituerait le «pari» de l'indépendance.

«Il n'y aura pas de retour en arrière, nos enfants et les générations qui suivront devront assumer notre choix», a-t-il martelé avant de rappeler que de nouveaux transferts de pouvoir à la région étaient déjà actés.